Fr | En
Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

La neurochirurgie et les maladies psychiatriques résistantes. De la psychochirurgie lésionnelle à la neuromodulation réversible

Marc ZANELLO

Séance du mercredi 10 mai 2023 (Neurochirurgie)

N° de DOI : 10.26299/c5dm-va61/emem.2023.17.03

Résumé

La psychochirurgie charrie inévitablement son lot d’images caricaturales, que ce soit des photographies de Walter Freeman dans son camion ou de Jack Nicholson dans « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». C’est oublier bien vite qui ni la National Commission for the Protection of Human Subjects aux USA (dès 1977 !) ni le Comité consultatif National d’Ethique pour les sciences de la vie et de la santé en France (en 2002) n’ont formellement interdit cette approche transdisciplinaire entre psychiatrie et neurochirurgie.
La stimulation cérébrale profonde moderne a été développé en France par un neurochirurgien grenoblois, le Pr Benabid à la fin des années 1980. Cette technique chirurgicale a maintenant fait ses preuves dans le traitement des mouvements anormaux. La stimulation du nerf vague est utilisée pour des patients souffrant d’épilepsie pharmacorésistance depuis plus de 25 ans. Ces techniques de neuromodulation sont réversibles, personnalisables et peu invasives. Elles ne représentent qu’une partie des possibilités actuelles de la neuromodulation.
Parallèlement à ses développements, la psychiatrie fait toujours face à un nombre important de patients souffrant de pathologies sévères et pharmacorésistantes. Ainsi entre 15 à 30% des patients dépressifs présentent un épisode dépressif persistant malgré au moins deux traitements antidépresseurs successifs bien conduits. La mise au point de nouvelles molécules efficaces nécessite des investissements importants et du temps. Cette prise en charge médicale n’est en aucun cas incompatible avec une approche chirurgicale raisonnée et raisonnable.
La sélection des patients et du choix de la méthode de neuromodulation ne peut s’envisager que durant des réunions de concertation pluridisciplinaires. Il est donc nécessaire que les échanges entre psychiatres et neurochirurgiens s’intensifient afin de mieux prendre en charge les patients souffrant de pathologies psychiatriques sévères et résistantes au traitement. Le XXIème siècle sera-t-il celui de la psychochirurgie « mature » ?