Fr | En
Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

La cupule à double mobilité : une nouvelle révolution technique dans la prothèse totale de hancheDual Mobility Cup: A New THA Revolution

CATON JH | R Lecointre | ASLANIAN T | PRUDHON JL | DESCAMPS L | DEHRI G | PUCH JM

Séance du mercredi 04 mars 2015 (FRANCE TERRE D'INNOVATION EN CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE)

Résumé

Depuis 1962, date de la première prothèse de hanche, après les premiers essais des frères JUDET en 1946-1948, la luxation est devenue un risque majeur dans cette chirurgie. En effet, outre les luxations post opératoires, J. CATON et D. BERRY ont montré en 2004 que ce risque était cumulatif tout au long de la vie de l'implant sur plus de 25 ans. Par ailleurs, les registres nationaux de suivi des PTH ont confirmé ces données et démontré qu'il s'agit actuellement de la cause la plus fréquente de reprises.Sur le plan biomécanique, l'augmentation du diamètre de la tête prothétique permet de diminuer ce risque en augmentant la distance de luxation appelé "Jump distance" par G. MASSE et H. WAGNER. Néanmoins, cette augmentation du diamètre a une limite à 36 mm. Au-delà de celle-ci, un certain nombre de problèmes apparaissent sur le col prothétique ("fretting-corrosion"), débris métalliques dans les couples métal/métal, excentration du centre de rotation, bruits et grincements dans le couple céramique/céramique.De 1974 à 1977, Gilles BOUSQUET de St Etienne et son ingénieur André RAMBERT ont mis au point un nouveau concept appelé cupule à double mobilité (DM) présentant les avantages d'une grosse tête supérieure à 36 mm de diamètre, sans en avoir les inconvénients. Le principe en est simple en apparence : il s'agit de deux cupules se mobilisant l'une dans l'autre, d'abord la tête métallique prothétique rétentive dans une cupule polyéthylène (PE) (petite articulation), puis par un phénomène de recrutement, la cupule PE se mobilise dans une cupule métallique fixée dans l'acétabulum (grande articulation ) : ceci permet d'augmenter la mobilité de la hanche en diminuant, voire supprimant les possibilités de luxation. Par ailleurs, en 2003, D. NOYER a mis en évidence, dans ce système, une pseudo articulation entre le col prothétique métallique et les bords de la cupule PE qu'il a appelé à juste titre « troisième articulation ».De nombreuses modifications ont été apportées par différents concepteurs à partir de cette prothèse initiale baptisée par G. BOUSQUET en 1977, cupule NOVAE. Ces modifications ont porté sur la fixation de la cupule métallique, son matériau, la géométrie de la cupule PE et son anneau de rétention, et enfin sur la troisième articulation afin d'optimiser les contacts et d'éviter le maximum de conflits, générateurs d'usure et donc de débris. Ceci a abouti à classer en fonction du temps ces cupules DM en première, deuxième et troisième génération.La cupule métallique actuelle que nous utilisons bénéficie d'un dessein mixte à la fois hémisphérique et géométrique. Elle est en chrome-cobalt avec une surface externe sans ciment ré habitable avec des éléments de fixation, une surface interne lisse ultrapolie, une cupule PE de volume plus large avec un anneau de rétention inférieur de 2 mm au diamètre de la tête prothétique et un bord largement chanfreiné pour optimiser le contact avec le col prothétique ultra brillant, rond, et de petit diamètre si possible.Les résultats sur la luxation sont excellents de 0 à 1% sur les PTH pour lésions dégénératives et inférieurs à 1.5% dans les fractures du col fémoral. Leur taux de reprise est de moins de 2% à 10 ans de recul.Cette cupule à DM, spécificité française, peut être considérée comme une deuxième révolution dans le domaine des PTH faisant quasiment disparaitre une complication invalidante qui était la luxation.Commentateur: Jean DUBOUSSET