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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Reconstruction Anatomique à double faisceau du Ligament Croisé Antérieur

BELLIER G

Séance du mercredi 02 février 2011 (ORTHOPEDIE)

Résumé

Hypothèse : Les techniques habituelles de ligamentoplastie ne reproduisent pas complètement l’anatomie et la fonction du ligament croisé antérieur ( LCA ). Elles concernent seulement la bandelette antéro-médiale ( AM ) et ne reproduisent pas la totalité de la fonction du ligament croisé antérieur lors de la flexion-extension du genou. Les études expérimentales ont démontré que des greffons à un faisceau contrôlent uniquement la translation tibiale antérieure dans une position proche de l’extension. Pour contrôler la stabilité rotatoire, plusieurs auteurs ont suggérer de reconstruire aussi la bandelette postéro-latérale ( PL ). La reconstruction anatomique à deux faisceaux devrait mieux restaurer la cinématique normale du genou que les reconstructions à un faisceau. L’étude actuelle a été entreprise pour évaluer le devenir des reconstructions du LCA à deux faisceaux. Méthode : Cette étude prospective non randomisée a été réalisée sur 148 patients opérés de janvier 2002 à juillet 2003, pour une rupture isolée du LCA. Parmi ceux-ci, 140 patients sont disponibles avec un recul de 18 mois. Les deux faisceaux antéromédial et postéro-latéral ont été arthroscopiquement reconstruits avec l’aide de greffons aux ischio-jambiers avec deux tunnels fémoraux borgnes et deux tunnels tibiaux. La fixation fémorale est confiée à un Endo-bouton CL, la fixation tibiale est réalisée à l’aide de vis Bio-résorbables et/ou une agrafe ou une vis. La bandelette antéro-médiale est fixée à 30° - 45° de flexion tandis que la postéro-latérale est fixée dans une position proche de l’extension ( 15°). Tous les patients ont bénéficié du même protocole de rééducation postopératoire : rééducation immédiate, mobilisation sur arthromoteur, appui partiel à 50% à l’aide d’une attelle pendant 6 semaines. Résultats : Selon le score IKDC, le score global préopératoire était presque normal dans 5 patients (3,7 %), anormal dans 59 (42,1%) et très anormal chez 76 patients (54,2%). Le score subjectif global était de 60,3 (+/- 2,4). Au dernier recul, 47 patients (33,5 % ) sont qualifiés du score excellent, ( 47,8% ) comme presque normal et 17 ( 12,1%) comme anormal et 9 ( 6,6% ) comme sévèrement anormal. Le score moyen subjectif est monté à 86,2 +/- 12,1 ( p=0.003 ). La diminution des tiroirs antérieurs mesurée à l’aide du KT 1000 était aussi statistiquement significative ( p=0.001 ). Le ressaut résiduel a été évalué : -A, normal, c’est à dire pas de ressaut dans 128 cas (91,4 %), -B, ébauche de ressaut dans 10 cas 7,1% -C, ressaut réel, dans 0,8% des cas. 6 complications ont été observées : 3 raideurs nécessitant une arthrolyse arthroscopique à une moyenne de 4 mois postopératoire, 2 hémarthroses postopératoires traitées par drainage et une infection superficielle traitée par débridement et traitement antibiotique. Discussion : Cette technique a été validée par plusieurs études de laboratoire. La persistance d’un ressaut rotatoire dans 7,9% des cas ne condamne par le principe de la technique. Dans cette série, il n’y a pas eu de rupture secondaire et pas de complication spécifique de la technique. Les résultats sont favorables par rapport à la reconstruction à un faisceau. Cependant, des résultats à plus long terme sont nécessaires et surtout une méthode de quantification de la rotation tibiale doit être trouvée pour évaluer précisément la rotation.