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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Plate-forme de simulation et enseignement de la chirurgie

CHEVALLIER D

Séance du mercredi 13 octobre 2010 (QUELLE FORMATION POUR QUELS CHIRURGIENS ?)

Résumé

L’apprentissage de la chirurgie peut bénéficier des techniques de simulation pour le développement et l’entretien de l’habilité technique, l’application des protocoles de soins, l’amélioration le raisonnement diagnostique.En ce sens, sous l’effet de plusieurs éléments (accroissement du nombre d’étudiants, développement des nouvelles technologies, protocoles des soins, polices d’assurance) de nombreux centres de simulation ont vus le jours principalement dans les pays anglo-saxons ces dix dernières années.La simulation chirurgicale s’est principalement développée depuis l’avènement de la cœlioscopie qui impose de nouvelles contraintes pour le chirurgien.Plusieurs types de simulateurs ont été développés, des plus simples aux plus complexes recréant des situations chirurgicales reproductibles.- Simulateurs « simples » : (type FLS®)Le principe repose sur l’acquisition d’une habilité technique en manipulant les principaux instruments cœlioscopiques (pinces à préhension, ciseaux, porte aiguille, endo-loop®…) sur des exercices définis (transfert de plots, le découpage d’une compresse, réalisation d’une suture intra ou extra-corporelle..). Ces simulateurs, de faible coût, ont pour avantage d’utiliser des instruments réels. Dans notre expérience, ils sont pertinents à la phase initiale de l’apprentissage pour l’acquisition d’une habilité technique simple, mais aussi pour des praticiens plus expérimentés pour entretenir une gestuelle notamment dans la réalisation de sutures coœlioscopiques.- Simulateurs en réalité virtuelle : (Simsurgery® , Lapmentor ®, LapSim®…)Ils s’agit d’une véritable interface en réalité virtuelle pouvant alternativement faire pratiquer à l’étudiant des exercices indépendants d’une situation anatomique (manipulation de caméra, pose de clip,...) et des exercices recréant des situations réelles (fixation d’une valve gastrique, dissection du lit vésiculaire, …).Certains de ces simulateurs contiennent des « modules » d’interventions (cholecystectomie, by-pass gastrique, sigmoïdectomie, ligature tubaire..) permettant de réaliser le temps cœlioscopique de l’intervention dans sa quasi intégralité avec un degré de réalité tel qu’il existe la possibilité de choisir la position des trocarts, les instruments, de déclencher un saignement…Certains simulateurs sont équipés de retour de force, afin d’améliorer le réalisme. Cet artifice (responsable d’un coût élevé du simulateur) dans notre expérience semble bénéfique dans les interventions virtuelles plus que dans les exercices d’apprentissage.L’un des intérêts majeurs des simulateurs repose sur les outils d’évaluation développés dans les interfaces. Ainsi, à la fin de chaque exercice une série de paramètres est évaluée (temps, amplitude des mouvements, tractions excessives sur les tissus..) numériquement et par courbe, et peut être analysé.Autres intérêts de la simulation L’utilisation de mannequins animés et informatisés, voire la recréation d’environnement médical virtuel (bloc opératoire « virtuel », avec un mannequin à la place du patient) présente de nombreuses applications pour l’apprentissage de la chirurgie. Le déroulement de scénarii cliniques permet d’affiner le sens diagnostique des étudiants, d’inculquer la notion de prise en charge multidisciplinaire (trinôme anesthésiste – urgentiste – chirurgien devant un patient polytraumatisé aux urgences par exemple) mais aussi de former les équipes aux protocoles de soins. En ce sens, un film sur l’utilisation de la Check-list de Bloc Opératoire (élaborée par la Haute Autorité de Santé) a pu été réalisé autour d’un patient virtuel et diffusé comme outil d’apprentissage efficient.Évaluation de la qualité de l’enseignement : Il est clairement établi que la simulation cœlioscopique permet une amélioration de la courbe d’apprentissage pour un geste technique donné, et une réduction du nombre d’erreurs à la phase initiale de l’apprentissage pour des procédures courantes.De plus, notre expérience met en évidence un gain en terme de performances techniques pour les internes débutant leur cursus, pour des éléments simples tels le repérage dans l’espace (exercice de manipulation de caméra), la coordination bimanuelle.Plusieurs scores globaux d’habilité technique ont été développés et devraient faire l’objet d’une évaluation plus précise dans les années à venir afin d’uniformiser les résultats de l’apprentissage par simulation.Sur les éléments indépendants de l’habilité technique, conformément aux données de la littérature, notre expérience préliminaire identifie un fort bénéfice de ces techniques pour le travail multidisciplinaire, le raisonnement médical et l’application de protocoles de soins.Les outils de simulation pour l’apprentissage de la chirurgie sont actuellement en plein essor et autorisent une nouvelle forme d’enseignement venant compléter la formation facultaire. Ils s’intègrent parfaitement dans le cursus des futurs chirurgiens, même si leur utilisation et l’évaluation de leurs performances justifient d’être encore systématisées.