Immobilités laryngées unilatérales après chirurgie de la glande thyroïde - étiopathogénie, symptomatologie, évolution et traitement
LACCOURREYE O
|
MENARD M
|
BONFILS P
|
MALINVAUD D
Séance du mercredi 21 octobre 2009 (pas de sujet Principal)
Résumé
Objectifs : A partir d’une cohorte de 154 patients avec une immobilité laryngée unilatérale survenue lors d’une chirurgie de la glande thyroïde, les auteurs analysent l’étiopathogénie, la symptomatologie, l’évolution spontanée et la prise en charge de cette complication.Patients et méthodes : Cette étude rétrospective distingue les immobilités par paralysie du nerf laryngé inférieur (récurrent) des immobilités par atteinte de l’articulation crico-aryténoidienne (arthrite, ankylose) et précise les lésions associées au niveau du larynx. Les conséquences cliniques de cette immobilité sur la voix, la déglutition et la respiration ainsi que son évolution spontanée sont étudiées. L’influence de diverses variables sur la décision thérapeutique (tests de Fischer et de Mann et Whitney) est analysée. Les résultats et les complications inhérentes aux techniques chirurgicales utilisées pour pallier les conséquences de l’immobilité laryngée unilatérale sont précisées.Résultats : Le mécanisme étiopathogénique était une paralysie du nerf laryngé inférieur dans 98 % des cas et une atteinte de l’articulation crico-aryténoidienne dans 2 %. Le pourcentage de récupération, en l’absence de section avérée du nerf laryngé inférieur, est de 35,7 %. Aucune récupération de la mobilité laryngée n’est survenue lorsque le nerf laryngé inférieur avait été sectionné. Le délai de récupération variait de 2 à 15 mois (médiane à 4 mois) après la chirurgie de la glande thyroïde. 89,8 % des remobilisations survenaient avant le 9° mois post opératoire. Diverses anomalies morphologiques laryngées étaient associées dans 3,9 % des cas. La voix était considérée par le patient comme normale dans 2.6 % des cas. Des troubles de la déglutition et de la respiration existaient dans 21,4 % et 8,4 % des cas. Trois facteurs (section avérée du nerf laryngé inférieur, délai entre la chirurgie thyroïdienne et la consultation spécialisée ORL, degré de sévérité de la dysphonie) influaient, au plan statistique, sur la décision de réaliser une intervention de médialisation laryngée. Après médialisation laryngée, tous les patients notaient une amélioration immédiate de la qualité de la voix et de la parole sans aucune complication majeure.Conclusion : Cette étude souligne que les immobilités laryngées unilatérales lors d’une chirurgie de la glande thyroïde : i) ne sont pas toujours secondaires à une atteinte du nerf laryngé inférieur, ii) ne sont pas toujours symptomatiques, iii) ont une symptomatologie qui ne se limite pas à la seule dysphonie et iv) ne nécessitent pas toujours un traitement chirurgical mais répondent très bien à ce traitement lorsqu’il est mis en oeuvre. Les conséquences pratiques et médico-légales de ces diverses données sont discutées au vu de la littérature publiée.