Fr | En
Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Disparition des Dispositifs Médicaux Implantables (DMI) Prothèses articulaires Trapézo-métacarpienne du pouce et des doigts longs

Bruno LUSSIEZ

Séance du mercredi 29 octobre 2025 (Disparition des implants articulaires du membre supérieur (hors épaule) consécutive à la réglementation européenne (MDR) sur les DMI.)

N° de DOI : 10.2699/57we-k429/emem.2025.44.04

Résumé

Les prothèses articulaires du pouce de la main sont indiquées dans les déformations arthrosiques de l’articulation trapézo-métacarpienne, que l’on nomme rhizarthrose. Celle-ci est le plus souvent dégénérative, plus rarement post-traumatique , et touche en France 20% des individus de plus de 55 ans, à majorité féminine. Le traitement chirurgical s’impose en cas d’échec du traitement conservateur à base d’orthèses d’immobilisation, d’antalgiques, et d’infiltrations cortisonées. Ce traitement chirurgical a longtemps consisté en l’ablation du trapèze (trapézectomie). Cette intervention donne de bons résultats sur la douleur , mais est souvent à l’origine de diminution de la force du pouce, de déformations en Z du pouce et sa récupération est longue. Il y a plus de 50 ans un chirurgien français, le Dr. Jean-Yves de la Caffinière a mis au point la première prothèse articulaire de l’articulation trapézo-métacarpienne. Ce premier modèle à l’origine d’un pourcentage important de complications a considérablement évolué au-cours des cinquante années suivantes avec l’apparition de plusieurs autres modèles, issus de l’Ecole de chirurgie orthopédique et de la Main française, et grâce à l’engagement à travers leurs secteurs de Recherche et Développement(R et D) de plusieurs industriels français. Ces différents modèles ont permis l’évolution du concept initial et sont à l’origine des prothèses modernes, actuellement posées en France , en Europe et dans le monde entier.
Malheureusement beaucoup de modèles de prothèses ont disparu du fait du rachat de fabricants français par des compagnies étrangères qui les ont supprimées de leur catalogue pour des raisons purement économiques. De même les contraintes économiques du MDR européen (Medical Devices Regulation) affaiblit les branches R et D des compagnies françaises encore présentes, ne permettant plus l’évolution et les progrès réalisés ces dernières années dans ce domaine.
On retrouve le même problème de disparitions de DMI au-niveau des prothèses articulaires des doigts longs, où le peu de modèles connus et fiables a disparu du catalogue des compagnies étrangères ayant racheté les fabricants français de ces prothèses. Ne reste actuellement qu’un modèle de prothèse articulaire d’un fabricant allemand , et deux modèles d’implants articulaires en élastomère de silicone dont un seul français.
En conclusion, alors que la France a été à l’origine pendant cinquante ans de la création puis des progrès considérables apparus dans ce domaine, il reste encore quelques modèles tant au-niveau du pouce que des doigts longs, mais cet appauvrissement considérable de choix et la menace de leur disparition met en péril la santé de nos futurs patients.
Dr. Bruno Lussiez
Président 2022 de la Société Française de Chirurgie de la Main.