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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Pesticides organochlores et cancer de la prostate

Gaëlle FROMONT-HANKARD

Séance du mercredi 09 avril 2025 (Cancer environnement)

N° de DOI : 10.26299/1wqa-0t17/2025.14.03

Résumé

Les pesticides organochlorés (POC) sont pour la plupart retirés du marché depuis longtemps mais leur faible capacité à se dégrader conduit à leur persistance dans l’environnement. De ce fait, les populations y sont toujours exposées, essentiellement par voie alimentaire.
Le risque de cancer de prostate (CaP) est variable selon les ethnies, avec une incidence plus élevée chez les hommes d’origine africaine. Aux Antilles françaises, le CaP est deux fois plus fréquent qu'en France métropolitaine. S’il est reconnu que les facteurs génétiques jouent un rôle déterminant, des facteurs environnementaux tels que les pesticides sont également suspectés.
Les études mécanistiques montrent que certains POC, notamment le β-HCH, le DDT/DDE, et le chlordécone présentent des capacités à interagir sur la régulation hormonale de la prostate par une action agoniste/antagoniste des récepteurs hormonaux.
Les études épidémiologiques portant sur l’association de l’exposition aux POC et le risque de CaP agressif sont souvent discordantes, et l’effet cocktail n’est que peu ou pas étudié. Une seule étude en population générale en Guadeloupe a rapporté une association entre l’exposition au chlordécone, et le risque de CaP notamment agressif, avec néanmoins des questions en suspens. L’interaction possible de l’exposition aux POC avec la concentration sérique de PSA (marqueur diagnostique du CaP) pourrait constituer un biais dans l’identification du groupe témoin.
Un programme de recherche pluridisciplinaire sur le lien entre chlordecone et CaP aux Antilles est actuellement en cours sous l’égide de l’INCa, associant des volets épidémiologique, mécanistique, et de sciences humaines.