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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Comment traiter un ulna long en 2025 ?

Thomas JAGER

Séance du mercredi 22 janvier 2025 (Chirurgie du poignet)

N° de DOI : 10.26299/50na-dg92/emem.2025.03.03

Résumé

Le conflit ulno-carpien est une cause très fréquente et bien connue de douleurs du versant cubital du poignet. Ses causes sont majoritairement idiopathiques (structurelles) ou post-traumatiques. La plupart du temps, ce conflit est la conséquence d’un ulna comparativement trop long vis-à-vis du radius, occasionnant une surpression sur le compartiment cubito-carpien. Son traitement, efficace, repose sur l’accourcissement ulnaire, en zone extra-articulaire, proposé par Milch dès 1963, ou par l’accourcissement épiphysaire également appelé Wafer procédure proposé par Feldon en 1992 puis modifié sous forme arthroscopique par Wnorowski la même année.
Ces 2 techniques ont fait l’objet d’études spécifiques confirmant leur validité, et d’études comparatives récentes et répétées, qui ont toujours bien du mal à faire préférer une solution à l’autre. En effet les résultats cliniques et radiographiques, ainsi que les complications générales restent très proches. Cependant, les ostéotomies sont beaucoup plus sujettes aux reprises opératoires et complications liées spécifiquement au matériel, du fait des plaques employées. De plus, l’ablation de ce matériel est associée à un risque documenté de refracture rendant l’évolution encore plus cahotique.
Nous rapportons notre expérience de l’usage d’une ostéotomie accourcissante diaphysaire oblique longue, qui nous semble répondre aux désavantages principaux des ostéotomies classiques fixées par plaques. Une étude rétrospective radio-clinique a été conduite sur nos 14 premiers patients entre Février 2019 et Novembre 2022. La consolidation osseuse a été obtenue dans tous les cas, au délai moyen de 2,46 mois, avec un accourcissement moyen de 4,43mm. Tous les patients rapportaient une amélioration du confort, les complications étaient rares, et il n’y a eu que 2 ré-opérations pour ablation du matériel, dont l’une pour raisons psychologiques. Cette technique nous semble donc prometteuse, car elle répond aux inconvénients classiques de l’ostéotomie accourcissante. Ses nombreux avantages peropératoires (correction réversible, simplicité de mise en œuvre et du matériel nécessaire) et postopératoires (taux de consolidation, faible encombrement du matériel, simplicité de l’ablation si nécessaire) en font notre technique de choix pour l’ostéotomie accourcissante de l’ulna.
Cependant le traitement du conflit ulno-carpien ne saurait se limiter à ce seul artifice technique ou à une vision trop simpliste. Il nous semble donc primordial de prendre en compte l’ensemble des facteurs anatomiques, étiologiques, socio-professionnels et liés au patient, pour formuler une proposition thérapeutique la plus adaptée. Nous nous proposons donc de synthétiser les éléments principaux de la décision chirurgicale.
Dr Thomas JAGER
Institut Européen de la Main, Hôpitaux Robert Schuman, Luxembourg