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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Reprises fémorales par tiges verrouillées non cimentées

Patrice MERTL

Séance du mercredi 04 décembre 2024 (L'Académie reçoit la SOFCOT - Les reprises des prothèses de hanche)

N° de DOI : 10.26299/5mt6-v712/emem.2024.32.03

Résumé

Les tiges fémorales verrouillées ont été développées à la fin des années 80 parallèlement à l’utilisation des voies trans-fémorales pour l’ablation des implants en place. En cas de descellement fémoral sévère la réalisation d’un volet fémoral permet de réduire le risque de fausses routes ou de fractures per-opératoires, et dans ce cas le verrouillage distal permet une stabilisation axiale et rotatoire immédiate de la tige, favorisant une ostéo-intégration secondaire. Le volet fémoral est également indispensable en cas de cal vicieux, de tige non cimentée inextractible ou en présence d’un long bouchon de ciment. En cas de disparition de l’isthme fémoral le verrouillage est la seule garantie de fixation distale de la tige de reprise. Enfin dans les fractures péri-prothétiques, type Vancouver B2 et B3, ces tiges verrouillées combinent les avantages de l’enclouage et de la révision prothétique. Les vis initialement utilisées, sujettes à un risque de rupture ont rapidement été remplacées par des clavettes dont le diamètre était supérieur. Ces tiges sont d’utilisation simple à condition de disposer d’un ancillaire fiable, permettant d’effectuer le verrouillage prothèse réduite, en contrôlant longueur et antéversion. Des études biomécaniques ont insisté sur le respect d’une distance de sécurité entre l’extrémité distale du volet et le premier trou de verrouillage, sur l’importance de disposer d’une gamme de diamètres permettant de venir au contact des corticales et sur l’importance de verrouiller systématiquement le premier trou de la tige. Dans une étude rétrospective (1) portant sur 725 cas de reprises avec une tige fémorale verrouillée avait permis de montrer que les résultats fonctionnels et la stabilité de la tige à long terme étaient meilleurs en cas d’utilisation d’une tige anatomique courbe, avec un revêtement étendu sur toute la longueur. Un facteur pronostic important était l’index de remplissage métaphysaire, favorisé par la réalisation d’une fémoroplastie et/ou d’une ostéoclasie médiale permettant d’amener l’os à la prothèse. Dans une étude plus récente (2) portant sur une tige moderne, portant principalement sur des descellements fémoraux (60%) et des fractures péri-prothétiques (30%), nous avons pu confirmer une ostéo-intégration de l’implant dans 95% cas, en ne déplorant aucune migration ni aucune rupture d’implant. Le taux de survie des implants en prenant pour end-point la reprise chirurgicale quelle qu’elle soit, est de 95% à 5 ans. Les résultats publiés dans la littérature sont également favorables avec des taux de survie allant de 91% à 15 ans de recul, à 100% à 4 ans de recul.

1-Patrice Mertl, Remy Philippot, Philippe Rosset, Henri Migaud, Jacques Tabutin, Denis Van de Velde. Distal locking stem for revision femoral loosening and peri-prosthetic fractures. International Orthopaedics, 2011,35, 275-282.
2- Lou Lequeuche, Az-Eddine Djebara, Yassine Bulaid, Massinissa Dehl, Antoine Gabrion, Patrice Mertl. Clinical and radiological results after THA revision with distal locking stem : A cohort study of 44 patients. OTSR 108 (2022) 103267.