Fr | En
Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Reprise chirurgicale des amputations post traumatiques au membre inférieur : facteurs de risque et impact fonctionnel à distance

Alexia MILAIRE | Laurent MATHIEU | Antoine GROSSET | Fabrice BAZILE | James-Charles MURISON

Séance du mercredi 26 juin 2024 (Séance Commune avec le Service de Santé des Armées (S.S.A) au VAL DE GRÂCE)

N° de DOI : 10.26299/v5we-pv34/emem.2024.22.05

Résumé

Introduction : Lorsqu’elle est réalisée en traumatologie, l’amputation au membre inférieur est associée à un risque de reprise chirurgicale important. L’objectif de cette étude est d’analyser les facteurs de risque de reprise chirurgicale des amputations post-traumatiques au membre inférieur.

Matériel & Méthode : Une étude rétrospective monocentrique a été menée entre janvier 2010 et février 2020 chez les patients amputés au membre inférieur dans un contexte traumatique. Le critère de jugement principal était une reprise chirurgicale tardive à plus de 6 mois de l’amputation initiale. Une évaluation fonctionnelle au dernier recul était également réalisée. Le suivi minimum était de 1 an.

Résultats : 86 patients et 96 amputations ont été inclus. Le taux de reprise chirurgicale à plus de 6 mois de l’amputation était de 38,3% . Les étiologies étaient : un resurfaçage (28,7%), une ossification hétérotopique (OH) (20,2%), une infection tardive dans (11,7%) et un névrome (9,6%). Les patients âgés de plus de 30 ans avaient moins de reprises tardives (OR=0,26 [0,08-0,79] ; p=0,021 et 0,12 [0,03-0,42] ; p=0,002). Un Index de Gravité.

Simplifié (IGS) II supérieur à 45 était un facteur protecteur de reprise tardive (0.15 [0.03-0.65] ; p=0.016). Être amputé d’au moins 2 membres exposait à plus de reprise chirurgicale tardive (OR=7.07 [1.83-33.06] ; p=0.007) et diminuait la probabilité d’être appareillé à 90 jours (HR=0,25 [0,10-0,65] ; p=0,004). 94% des patients étaient appareillés et 71,2% avaient repris le travail à 7 ans (ET=2,7) de recul moyen.

Discussion : L’âge jeune apparaît déterminant dans le développement de complications tardives de moignon : la demande fonctionnelle des patients en phase active de leur vie implique une utilisation prothétique plus importante et une sur sollicitation potentielle du moignon. Un IGS II critique diminue l’espérance de vie : les exigences fonctionnelles sont moins importantes et les reprises tardives moins fréquentes. Par la gravité du traumatisme, l’amputation d’au moins 2 membres retarde la prise en charge et allonge le délai de récupération fonctionnelle.

Conclusion : Les facteurs de risques identifiés sont non modifiables mais permettent une information plus précise sur le parcours de soin à envisager pour nos patients.
Alexia Milaire, Antoine Grosset, Fabrice Bazile, Laurent Mathieu, James-Charles Murison, Nicolas De L'Escalopier