Infection de prothèse de hanche : quelle est l’incidence et quels sont les facteurs de risque en France ? Analyse de la base nationale du PMSI
Sophie PUTMAN | C. DURIEZ | G. BOUZILLE | J. BEUSCART | G. FICHEUR | M. CALAFIORE | H. MIGAUD | E. CHAZARD
Séance du mercredi 02 décembre 2020 (Séance commune avec la SOFCOT en visioconférence)
N° de DOI : 10.26299/fkf6-bp17/emem.2020.30.02
Résumé
L’arthroplastie de hanche améliore significativement la qualité de vie mais continue à exposer à un risque infectieux constituant un problème de santé publique et nécessitant une prise en charge coûteuse. D’après la définition française, toute infection survenant dans l’année suivant la pose de prothèse est considérée comme une infection nosocomiale. Le but de cette étude est de quantifier le risque de réhospitalisation en relation avec une infection nosocomiale sur prothèse de hanche, et d’identifier les facteurs de risque correspondants, dans la population française.
2 - Matériel et méthodes
Une cohorte historique en vie réelle de janvier 2008 à décembre 2014 a été à partir de la base nationale du PMSI. Tous les séjours avec pose de prothèse de hanche ont été inclus, et les réhospitalisations pour infection sur prothèse dans l’année suivant la chirurgie ont ainsi été analysées. La cohorte a été divisée en quatre groupes : (1) les chirurgies primitives programmées pour causes dégénératives (arthrose), (2) les chirurgies primitives programmées pour des causes non-dégénératives (polyarthrite rhumatoïde essentiellement), (3) les chirurgies primitives non-programmées pour causes traumatiques (fractures), et (4) les remplacements de prothèse. Les facteurs de risque ont été analysés à l’aide d’un modèle de Cox stratifié.
3 - Résultats
Durant la période, 847 317 séjours de chirurgie ont été inclus et 12 472 réadmissions pour infection sur prothèse ont été observées. Trois facteurs de risque sont apparus significativement dans les quatre groupes : le sexe masculin (hazard ratio HR=1,33 dans le groupe 1), l’obésité (HR=1,86 dans le groupe 1) et les pathologies alcooliques (HR=1,46 dans le groupe 1). Selon les groupes, d’autres facteurs de risque apparaissent significatif : la date, le fort volume d’activité du centre opérateur, le diabète, l’anémie, les troubles de la coagulation, les affections psychiatriques, l’insuffisance rénale chronique, l’infection urinaire, la fibrillation atriale, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrose avec myélopathie, la transplantation d’organe, le Staphylococcus aureus, le psoriasis, l’âge et la durée de séjour.
4 - Discussion
Il s’agit de la première étude s’intéressant aux facteurs de risque d’infection de prothèse de hanche en population française entière. Les facteurs de risque mis en évidence sont concordants avec les études déjà publiées. Ces facteurs de risque ne justifient pas de renoncer à l’intervention, mais peuvent permettre de détecter les patients à risque et d’améliorer la prévention primaire durant l’hospitalisation en France.
Auteurs : S Putman , C Duriez, G Bouzillé , J Beuscart, G Ficheur, M Calafiore, H Migaud, E Chazard.
-CHU Lille, Service d’Orthopédie, Hôpital Salengro, F-59000 Lille, France.
-Université Lille, CHU Lille, EA 2694 - Santé publique : épidémiologie et qualité des soins, F-59000 Lille, France.
-CHU Lille, Unité de Biostatistiques, F-59000 Lille, France.