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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Robotique et chirurgie : les enjeux de la formation

Jacques HUBERT

Séance du mercredi 07 octobre 2020 (Rapport de l'Académie Nationale de Chirurgie : Robotisation en chirurgie : Etat des lieux)

N° de DOI : 10.26299/yx5j-xb16/emem.2020.23.05

Résumé

Les robots chirurgicaux sont en fait des télémanipulateurs, mais qui corrigent les handicaps imposés au chirurgien cœlioscopiste (vision en 2D, instruments rigides aux degrés de liberté réduits, mouvements inversés, absence d’ergonomie…).
Malgré ces avantages, l’utilisation du robot n’est pas intuitive, comme le laisserait entendre le nom de la firme conceptrice, Intuitive Surgical®. Il introduit également un nouveau paradigme au bloc opératoire : le chirurgien n’est plus auprès du patient, mais assis à sa console à quelques mètres, ce qui modifie la communication avec son équipe. L’ensemble impose d’acquérir des compétences techniques et non techniques avant de se lancer dans une pratique chirurgicale sans risque pour les patients et sans stress pour l’opérateur.

La formation est actuellement dominée par les industriels qui se sont arrogé le droit de délivrer une formation obligatoire dont ils contrôlent le programme, les formateurs et les objectifs, outrepassant la directive européenne 93/42/CE modifiée définissant le rôle des fabricants de dispositifs médicaux : « apporter les informations nécessaires pour qu’il soit utilisé correctement et en toute sécurité »
Certaines initiatives avec une réflexion pédagogique poussée ont abouti à des formations universitaires comme à Nancy.
L’Académie de Chirurgie a rédigé des résolutions sur la formation en robotique dès 2015 et l’Académie de Médecine par sa Commission XV travaille sur le sujet ; conjointement elles se prononceront dans un rapport commun.
Un programme de formation en chirurgie robotique doit être complet et gradué, envisageant une formation de base, commune à toutes les spécialités, puis spécifique de chaque spécialité, ainsi qu’une formation non technique. Il doit concerner toute l’équipe (chirurgien, infirmière et aide), et réalisé en collaboration avec les industriels.
A l’instar de l’aéronautique pour les vols, cette formation doit faire très largement appel aux techniques de simulation, valider les acquis et ainsi garantir qualité et sécurité des soins.