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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Centralisation de la chirurgie oeso-gastrique en France et en Europe : où en est-on ?

Guillaume PIESSEN | C. EVENO | M. VISSER | R. VAN HILLEGERSBERG | J. VEZIANT

Séance du mercredi 24 mai 2023 (Arguments en faveur de la centralisation des traitements chirurgicaux des cancers basés sur l'étude de la morbi-mortalité)

N° de DOI : 10.26299/nyrh-es08/emem.2023.19.02

Résumé

L'oesophagectomie pour cancer est une procédure chirurgicale complexe, pilier d’une stratégie thérapeutique multimodale. La mortalité postopératoire reste élevée, estimée entre 0,9% et 25%. Afin améliorer les résultats postopératoires, certains pays ont mis en place des programmes d'audit national, comme les Pays-Bas et l'Angleterre. Ainsi, des disparités dans la qualité des soins ont été observées entre les pays, liées à des organisations structurelles potentiellement différentes. En plus des audits nationaux, d'autres caractéristiques organisationnelles, telles que la centralisation des soins, influencent les résultats postopératoires. Des études ont montré une relation positive entre le volume d'activité des centres et les résultats de l'œsophagectomie pour cancer, avec des taux de mortalité plus faibles et une meilleure survie dans les centres à haut volume. Dans certains pays, ces études ont provoqué une première vague de centralisation. En France, des études basées sur le PMSI ont révélé une réduction de 70% du risque de mortalité postopératoire dans les centres à très haut-volume (60 œsophagectomies/an). Ainsi, des seuils d'activité minimale ont été définis au JO d’avril 2022 et devraient être appliqués prochainement, ainsi que des exigences en termes de plateau technique. A l’échelle de l’Europe, une étude réalisée dans 16 pays a souligné des disparités dans la centralisation de la chirurgie de l'œsophage, l'organisation des audits nationaux et la formation des jeunes chirurgiens. De nombreux pays envisagent une centralisation accrue de la chirurgie du cancer de l'œsophage, mais cela représente un défi organisationnel et structurel. Des critères modernes de qualité chirurgicale (textbook outcome, Failure-to-rescue) et la prise en compte du volume d'activité par chirurgien plutôt que par centre sont également discutés.

G. Piessen1, C. Eveno1, M. Visser2,3, R. van Hillegersberg2, J. Veziant1

1 Service de chirurgie digestive et oncologique, CHU Claude Huriez, CHU Lille, F-59000 Lille, Lille, France
2 Département de chirurgie, Centre médical universitaire d'Utrecht, Université d'Utrecht, Utrecht, Pays-Bas
3 Bureau scientifique, Institut néerlandais d'audit clinique, Leiden, Pays-Bas