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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Politique médico-scientifique entre la France et l'Australie

LAUNOIS Bernard

Séance du mercredi 11 janvier 2023 (Actualités sur la maladie veineuse post thrombotique)

N° de DOI : 10.26299/vy5y-9a56/emem.2023.22.001

Résumé

Je vous remercie de me permettre de présenter cet exposé. Les raisons de ma demande sont les suivantes : un échec d’une politique d’une coopération militaire et la crise actuelle des Hôpitaux publics. Je voudrais donc vous démonter la réussite d’une politique d’une coopération médicale et les leçons d’un séjour comme PUPH. Tout a commencé en 1986. L’Université de Sydney envoie une invitation de Visiting Professor pour le mois d’Octobre 1986. L e Medical Board de l’état de la Nouvelle Galles du Sud me donne l’autorisation d’opérer à Sydney du 1er Octobre au 21 Octobre 1986. Tous les matins, je suis le premier surpris de quitter King Cross pour aller à pied rejoindre Darlinghurst , comme si j’étais à Rennes ou à Paris et entrer au bloc opératoire. La dernière intervention fut télévisée car c’était le début de la « Saint Vincent Surgical Week ». Il s’agit d’une hépatectomie gauche sur cirrhose, plus exactement d’une Bi-segmentectomie II et III. La Surgical Week était organisé par Max Coleman, Tom Hugh et Alistair Brown qui deviendra l’année suivante le président du Congrès mondial de la Société internationale de Chirurgie. Au cours de la Surgical Week, je ferais une conférence, plusieurs présentations, mais la raison de cette visite était la présentation de la résection des cancers biliaires supérieurs, longtemps réputés irrésécables y compris par Henri Bismuth qui venait de décrire une technique de dérivation palliative , ils étaient systématiquement explorés et la résection systématiquement tentée avec un taux de résécabilité de 60 % et une survie à 5 ans de 10% avec une qualité de vie excellente. Les résultats de ce travail réalisé avec P.Brissot furent confirmés 4 ans plus tard par L.Blumgart dans le Lancet sous le titre de Cholangiocarcinome hilaire. Je participais également au congrès du Royal Australasian College of Surgeons, scientifique mais surtout politique. Il y avait une grève des infirmières de bloc, le Sydney Hospital avait été fermé, la presse insistait sur les longs délais de la chirurgie.il y avait une table ronde : Chirurgiens contre politiciens présidée par Francis Moore de Boston. C’est à partir de ce séjour australien que les visiteurs affluèrent en France, d’abord Bob Britten-Jones et Alistair Brown. L’un des 1ers visiteurs fut un registar d’Adelaide, Georges Kiroff qui choisit de faire une année sabbatique à l’étranger qu’il partagea en 3 : 4 mois à Hong-kong, 4 mois à Rennes, 4 mois à Montréal.. Quand il arriva à Rennes, Vincent Chasseray, actuellement Chirurgien à Landerneau venait de finir sa thèse. Ils travaillèrent ensemble et le travail fut publié dans S.G.O. et présenté au congrès mondial des maladies de l’œsophage à Chicago ou il fut discuté par Akiyama de Tokyo, John Wong de Hong Kong et Brice Gayet. La 2ème conséquence sera économique et culturelle. Installé à Melbourne, Georges Kiroff achétera 2 Peugeot 205, et élèvera ses enfants en Français. En 1990, Glyn Jamieson, Professeur et chef du Département de Chirurgie de l’University d’Adelaide décide de passer son Année Sabbatique en France. Il est élu par le CNU Professeur Associé des Universités réalise sa 1ère Transplantation Hépatique pour une cirrhose post-hépatitique sur une italienne des Pouilles, Mrs Scotto. Il s’intéresse aux hépatectomies du service et publie dans Surgery un article intitulé : Les résections hépatiques majeures : est-il réaliste de ne pas les transfuser ? La médiane de transfusion est de « zéro ». A l’époque F. Dubois est une star de de la chirurgie mondiale. Il vient de publier les 40 premiers cas de cholécystectomie sous coelioscopie. Glyn Jamieson décide de lui rendre visite à l’Hôpital de la Cité Universitaire. Il est impressionné par sa parfaite maitrise et la standardisation de la technique. De retour en Australie, il appliquera ces principes à la pratique de fundoplication de Nissen. Il publiera la première grande série internationale. Les résultats à long terme seront présentées ici à l’Académie de Médecine en français, le 4 Octobre 2005. La discussion sera faite par Daniel Couturier. Claude Couinaud avait publié : Le Foie : Etudes Anatomiques et Chirurgicales. Sur les 450 pages du livre, une seule page est consacrée à une nouvelle structure anatomique: La scissure dorsale . Or l’ouverture de cette scissure dorsale va faciliter la découverte des pédicules glissoniens et la pratique des hépate ctomies. Avec Glyn Jamieson, nous publions la technique dans SGO. La technique est immédiatement adoptée par Leslie Blumgart au Memorial Sloan Kettering à New-York. Il incorpore les schémas à son livre « Surgery of the liver » dont Jacques Belghiti assure aujourd’hui la pérennité. Ensemble, nous décrivons dans un livre les détails de toutes les techniques. Il est adopté par toutes les Facultés de Médecine d’Australie. Il sera le livre de base de la Chirurgie Indienne. Son tirage épuisé, nous le rééditons pour 2 raisons : pour contrer les japonais et pour y inclure la chirurgie hépatique laparoscopique avec les 2 chapitres de B. Gayet et D.Cherqui. Après son retour en 1991 en Australie , G. Jamieson reviendra tous les ans en France, participer aux journées de Rennes. C’est un jeune registrar australien en stage à Berne chez L. Blumgart qui nous rejoint d’abord comme interne puis comme chef de clinique. E. Leprisey vient de terminer un essai randomisé de chimioradiothérapie néo-adjuvante dans le cancer de l’œsophage. G.Maddern le met en forme pour le publier dans « Cancer ».Maurice Godmine reçoit comme thèse un essai randomisé et prospectif comparant oesophagectomie sans thoracotomie et avec thoracomie. G. Maddern en fera une publication pour le British Journal of Surgery. Il publiera également, les dérivations palliatives intrahépatiques. La conclusion de toutes ces périodes est apportée par un article de Dennison et Maddern dans « Lancet » sous le titre : Chef de Clinique Temporaire. Les conclusions de cet article pourraient être les suivantes : Nous avions l’habitude d’aller dans les pays anglophones, mais il y a des choses à voir en France… En 1997, Guy Maddern est élu par le CNU Professor Associé des Universités à Lyon avec Christian Partensky. Il publiera également des publications de haut niveau. En 2001, je suis nommé « Full Professor de Surgery » à Adelaide. Je ne parlerai ni d’hôpitaux ni de travaux sauf de deux : un rapport sur le donneur vivant pour l’Université de Perth. Et la participation à Canberra au Congrès National du « Royal Australasian College of Surgeons ». Ma communication deviendra Management des traumas hépatiques et ses implications pour le chirurgien rural. J’admirais la superbe exposition « Monet et le Japon ». J’étais invité à faire l’ascension du Mont Kosciusko, la plus haute montagne d’Australie. Alors, quelles leçons ? 1.- Les Formalités 2.- L’entrée en Médecine 3.-Le Rôle de L’état d’Australie du Sud 4.-Le Rôle de L’état fédéral 5.-L’enseignement. 6.-Le développement professionnel continu 7.-Les déserts médicaux.