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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Mise au point - Réhabilitation implantaire sur lambeau libre de fibula : Planification, limites et perspectives

DEVOIZE L

Séance du mercredi 20 janvier 2021 (La chirurgie orale, l'ANC reçoit l'Académie Nationale de Chirurgie Dentaire)

N° de DOI : 10.26299/h7g7-bj52/emem.2019.1.006

Résumé

La reconstruction des pertes de substances maxillaires et/ou mandibulaires par lambeau libre de fibula est aujourd’hui le gold standard en chirurgie carcinologique et/ou post-traumatique. La réhabilitation prothétique par technique implantaire apparaît également être une solution de choix. Elle est possible grâce à une bonne vascularisation et une qualité d’os assurant un potentiel d’ostéo-intégration. Une méta-analyse récente rapporte un taux de survie proche de 95 % avoisinant celui de l’implantologie classique.
Néanmoins des difficultés peuvent apparaître quant à la pérennité implantaire ; la palette cutanée liée à ces lambeaux est un environnement hostile aux implants ; aucun phénomène de kératinisation n’a été mis en évidence dans le « sillon cutanéo-implantaire ». L’absence de « pseudo épithélium de jonction » induit ainsi des phénomènes inflammatoires chroniques à l’origine d’hyperplasies. Celles-ci apparaissent dans 10 % des cas, en moyenne à trois mois post-opératoires et ont une forme circulaire (torique) caractéristique. Elles constituent le facteur de perte implantaire majeur ; l’absence des sillons pelvi-linguaux et vestibulaires associés à une rétraction cicatricielle favorise l’apparition de brides. L’ensemble de ces phénomènes peut créer des déhiscences implantaires et amorcer une péri-implantite.
L’ostéo-intégration et la stabilité implantaire sur lambeau libre micro-anastomosé de fibula sont aujourd’hui des données acquises de la science. Malgré tout, les complications liées à l’environnement cutanéo-implantaire restreignent son indication aux patients les plus compliants. L’indication doit donc être murement réfléchie, prise en concertation avec les différents acteurs de la reconstruction globale. Les perspectives d’évolutions se tournent désormais vers une diminution du nombre d’interventions et une meilleure reproductibilité par l’apport des techniques 3D.