Fr | En
Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

L’information préopératoire : chimère des temps modernes pour le chirurgien ?

OLLAT D

Séance du mercredi 25 novembre 2020 (Communications libres)

N° de DOI : 10.26299/802z-9g43/emem.2018.4.016

Résumé

La chimère fait référence à un monstre imaginaire à plusieurs têtes et correspond également à une idée sans rapport avec la réalité. L'information préopératoire de nos patients n'est-elle pas une utopie ? D’un côté, la littérature scientifique montre bien que les patients, tout en surestimant leurs capacités, ne retiennent qu'environ 30 % de l'information reçue. D’un autre côté, le chirurgien doit pouvoir apporter la preuve, en cas de procédure judiciaire, qu’il a bien informé son patient. Le défaut d'information est, en effet, susceptible d'aboutir à la notion de perte de chance et de préjudice moral d'impréparation. Bien que non imposés par la loi, les écrits se sont imposés au quotidien et notamment car ils sont perçus comme des éléments de preuve. Le courrier de consultation est ainsi devenu une pièce maîtresse ainsi que le consentement éclairé signé. L’utilisation de fiches d'informations, qui complète l'information orale, tend à se généraliser. En conclusion nous voyons que l'information est loin d'être un sujet évident. Les patients assimilent avec partialité et difficulté l’information mais le chirurgien a néanmoins l'obligation d'apporter la preuve qu'il a bien délivré cette information. La tâche est donc ardue pour nous chirurgien. L'information complète et entière du patient reste souvent une utopie. En effet, s’il est parfois difficile d'informer ses patients, il est encore plus difficile de s'assurer qu'ils ont bien compris. Il ne faut donc pas céder à la pression de cette chimère et veiller à ne pas basculer dans une chirurgie dite défensive consistant à se réfugier notamment derrière des écrits qui sont certes des preuves sur le plan médico-légal mais qui ne constituent pas la base de la relation entre le chirurgien et son patient. Nous devons garder les principes fondamentaux qui nous ont été enseigné et maintenir l'exercice de notre Art, selon des valeurs éthiques, tout en remplissant nos obligations légales, et notamment, par la traçabilité de cette information dans un dossier médical bien tenu.