Fr | En
Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Plaidoyer et propositions pour une prise en charge cohérente des troubles de l’érection

VIRAG R | SUSSMAN H | ALLAIRE E

Séance du mercredi 05 février 2020 (Communications libres)

N° de DOI : 10.26299/ch5d-yp29/emem.2018.3.013

Résumé

Intéressant plus de 30 % de la population masculine, la DE (dysfonction érectile) est un véritable problème de santé publique. Caractérisée par l'impossibilité permanente d'obtenir ou maintenir une érection suffisamment rigide pour mener une activité sexuelle satisfaisante, elle retentit, à tout âge, sur la personnalité, le statut social, la vie quotidienne de ceux qui en sont atteints ; conduisant à la dépression, à des conduites déviantes, parfois à des suicides notamment chez les jeunes. Dernier élément et non des moindres : après qu’eut été établi dès 1985 à la suite des travaux de Leriche (1923), le lien entre DE et facteurs de risque cardio-vasculaires (FRCV), celle- ci est aujourd’hui considérée lorsqu’elle est d’origine vasculaire, comme prémonitoire d’AVC ou de maladie coronaire.
Le développement de techniques d'évaluation et de traitements médicaux et chirurgicaux efficaces dans les dernières années du XX° siècle aurait dû se traduire par une rationalisation de la prise en charge. Or paradoxalement, il n'en a rien été. En cause trois éléments : le caractère toujours tabou de tout ce qui touche à la sexualité y compris dans le monde médical, l'éclatement des intervenants médicaux en disciplines trop souvent étanches et enfin la simplification excessive et optimiste du traitement par les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (iPDE5).
A l'aide d'exemples caractéristiques, et d'une statistique basée sur notre expérience de près de 20.000 cas dans notre base de données, nous illustrerons l'errance inacceptable des patients, l'insuffisance du diagnostic réduit encore si souvent au préjugé du tout psychologique sans aucune recherche étiologique, le refuge des soignants dans une thérapie symptomatique et désespérante quand elle est inefficace, enfin le défaut de dialogue soignants/patients. Et pour conclure le foisonnement des offres contradictoires sur Internet achève de désorienter les patients.
Nous pensons qu’il est indispensable de constituer une task force pluridisciplinaire qui en liaison avec les différentes sociétés savantes couvrant le sujet mais indépendante d’elles, définira les conditions d’une prise en charge rationnelle, univoque et effective de la DE. Nous en présenterons l’architecture qui pourrait être portée par notre Académie, en lien avec l’Académie Nationale de Médecine.