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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Rôle des frères Jean et Robert Judet dans l’histoire des arthroplasties de hanche : De la prothèse acrylique à la prothèse sans ciment poro-métal

JUDET H

Séance du mercredi 16 octobre 2019 (France, terre d'innovations en chirurgie orthopédique et traumatologique)

N° de DOI : 10.26299/q6fv-v568/emem.2018.2.012

Résumé

En Septembre 1946, Jean et Robert Judet posent la première tête fémorale acrylique. Le patient atteint de coxarthrose marche sans douleur dès le 8eme jour. Cette reprise de la marche précoce, véritable innovation dans la Chirurgie de la hanche de l'époque, diffuse rapidement et largement dans le monde orthopédique. Le choix du matériau, l'acrylique, vient d'un contact avec un ami ORL qui l'utilisait dans sa spécialité. Les essais de tolérance se révèlent favorables et les premiers modèles sont moulés par un tourneur sur métaux. La tête est prolongée par un pivot qui s'enfonce dans le col fémoral. D'abord en acrylique il est bientôt renforcé par une tige métallique centrale. La technique comporte un abord antérieur peu délabrant et l'utilisation d'une table orthopédique pour bien présenter le col fémoral. Le cotyle est creusé si nécessaire. Les indications sont larges : coxarthrose, fracture et pseudarthrose du col du Fémur, luxation congénitale de l'adulte. Une revue des 400 premiers cas publiée en 1952 révèlent tous les problèmes qui vont dorénavant se poser pour le développement de la Chirurgie Prothétique de la hanche, mécaniques et biologiques. C'est la voie ouverte à la grande histoire de la Prothèse de la Hanche Le métal va supplanter l'acrylique (Austin Moore) et le ciment assurer la fixation des implants (John Charnley). Mais le ciment montre ses limites et en 1971 Robert Judet définis le concept de Prothèse sans ciment : une fixation biologique par réhabitation osseuse de la surface de l'implant. Il choisis comme matériau un alliage de chrome-cobalt-nickel-molybdène coulé dans des moules à cire perdue avec des porosités allant de 200 microns à 2 millimètres. Robert Judet posait les principes toujours d'actualité des prothèses de hanche sans ciment largement utilisées dans le monde : une stabilité mécanique initiale reposant sur le dessin des implants et la précision de l'ancillaire nécessaire à la fixation biologique secondaire par repousse osseuse active au contact d'une surface métallique irrégulière qui est révélée effective. Par ailleurs le dessin de l'implant incluait l'emboîtement de la tête prothétique sur un cône morse, première application d'un procédé mécanique désormais universellement répandu dans tous les modèles de prothèse permettant d'adapter la longueur du col et de choisir la taille et le matériau de la tête. A partir de l'aventure initiée par Robert Judet en 1971, le concept de l'implantation sans ciment des prothèses de hanche est devenu dominant.