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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

La visée pédiculaire de Raymond Roy-Camille

CATONNE Y | C Laville | G Saillant

Séance du mercredi 16 octobre 2019 (France, terre d'innovations en chirurgie orthopédique et traumatologique)

N° de DOI : 10.26299/dr5w-xg18/emem.2018.2.011

Résumé

La première ostéosynthèse par plaque vissée dans les pédicules vertébraux a été réalisée en avril 1963 par Raymond Roy-Camille (Fort de France 1927-Paris 1994), à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. Ce premier cas concernait une jeune fille de 17 ans ayant présenté une luxation L4-L5 très déplacée avec déficit neurologique complet, ayant été déjà opérée par laminectomie. Une réduction sur table orthopédique et une fixation par deux plaques de Sherman avaient été réalisées afin de pouvoir mobiliser et rééduquer la patiente. Par la suite, la technique du vissage pédiculaire a été décrite avec précision dans deux publications parues en 1970 : point de pénétration de la vis, direction « droit devant », fixation par plaques adaptées au rachis dorso-lombaire. Le matériel de fixation a évolué (plaques adaptées à l’espace inter-pédiculaire de 26mm puis plaques renforcées, puis système Domino). D’abord indiqué dans les lésions traumatiques, le vissage pédiculaire a par la suite été utilisé dans les lésions dégénératives (lombarthrose, spondylolisthésis, instabilité vertébrale), tumorales (primitives et secondaires), et les déformations rachidiennes. La diffusion de la technique a été relativement longue, en particulier aux Etats Unis, favorisée par de nombreuses communications et publications de Raymond Roy-Camille et de ses élèves. Le principe du vissage pédiculaire a été par la suite adopté dans de nombreux systèmes de fixation du rachis (Magerl, Dick, Cotrel-Dubousset). Par la suite des modifications de la technique initiale ont été proposées (direction du vissage de dehors en dedans, visée assistée par ordinateur, extension au rachis cervical), mais le principe même de la visée pédiculaire est actuellement universel. Il faut garder à l’esprit la dangerosité potentielle et la nécessité d’un apprentissage rigoureux de cette technique.