Le risque d’addiction attaché à la prescription des médicaments antalgiques
Séance du mercredi 12 juin 2019 (Les risques en chirurgie)
N° de DOI : 10.26299/840k-yf85/emem.2018.1.017
Résumé
La prescription des médicaments antalgiques, que l’on voudrait d’une efficacité maximale pour pallier une douleur aiguë ou chronique, doit se prémunir de l’instauration d’une addiction susceptible d’attenter à la vie du patient (par surdose / overdose) ou d’affecter la qualité de son existence. La « crise des opioïdes » aux U.S.A. (70.000 décès annuels), a été largement suscitée par des prescriptions abusives de médicaments stimulant les récepteurs opioïdes de type mu. La France, actuellement épargnée par ce drame, le doit à la prudence de ses médecins, à la législation en vigueur et à son respect. Néanmoins on déplore : des détournements massifs de la buprénorphine à haut dosage ; des revendications récurrentes de légalisation de différentes drogues ; une médicalisation excessive des états d’inconfort et de mal-être ; une évolution vers une moindre résistance à la douleur. Cette revue situera les principaux antalgiques disponibles sur les paliers de l’O.M.S. Elle expliquera les substrats de la tolérance et de la dépendance à certains antalgiques. Elle présentera plusieurs éléments qui peuvent sous tendre une vulnérabilité aux addictions et qui devraient être considérés avant de choisir un antalgique. Elle rappellera les variations d’ordre pharmacogénétique du Cytochrome 2D6 qui peuvent influencer l’efficacité ainsi que l’addictivité de la codéine, du tramadol, et de l’hydrocodone. Quelques recommandations souvent connues mais parfois négligées seront rappelées dans le dessein de ne pas passer du soulagement de la douleur à la dépendance, qui incite au toujours plus, toujours plus souvent, toujours plus fort, culminant avec l’héroïne et les anilinopipéridines (fentanyl et dérivés).