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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Traitement du primitif chez les patients présentant un carcinome épidermoïde des voies aéro-digestives supérieures métastatique d’emblée

GORPHE P | F Nguyen[ | N Basté

Séance du mercredi 21 mars 2018 (Séminaire de cancérologie - Quelle attitude à l'égard de la tumeur primitive en cas de maladie)

N° de DOI : 10.26299/4bg6-0010/emem.2018.1.002

Résumé

Le carcinome épidermoïde des voies aéro-digestives supérieures métastatique d’emblée est une présentation rare, qui concerne 4,7 % des patients au diagnostic initial dans notre expérience. Le traitement de ces patients pose d’une part la question du traitement systémique de référence, d’autre part de la place du traitement de la lésion primitive. Il existe de multiples arguments rationnels oncologiques, qu’ils soient théoriques biologiques ou empiriques, à traiter la lésion primitive de façon agressive chez ces patients. Dans l’expérience de l’Institut Gustave Roussy, dans 17 % des cas, le traitement proposé a été curatif d’emblée, associant un traitement agressif locorégional et métastatique. La médiane de survie globale est constatée à 39 mois, avec un taux de survie à 1 an de 68 %, et à 5 ans de 40,7 %. Un traitement systémique a été proposé d’emblée dans 70 % des cas, dont 37 % d’entre eux ont pu compléter un traitement curatif locorégional devant une réponse métastatique complète ; soit 26 % des patients métastatiques d’emblée. Chez les patients présentant une réponse complète au niveau métastatique versus les non répondeurs, la médiane de survie globale est alors de 17 mois versus 7 mois. La survie globale à 1 an est de 68,3 % versus 40,3 %, la survie globale à 5 ans de 15,8 % versus 3,6 %. La situation la plus défavorable concerne 13 % des patients métastatiques d’emblée, celle où l’état général du patient et ses comorbidités ne permettaient pas de proposer un traitement oncologique, les patients étant orientés d’emblée vers des soins de support. La médiane de survie globale était de 2 mois, avec un taux de survie à 1 an de 23 %, et aucune survie à 5 ans. En conclusion, ce sont donc au total 43 % des patients diagnostiqués métastatiques d’emblée qui ont pu bénéficier d’un traitement agressif « curatif » locorégional. Avec l’amélioration des résultats des traitements systémiques, l’essor des traitements d’immunothérapie, et l’allongement de la durée de survie des patients, la préservation de la qualité de vie est un critère majeur à prendre en compte dans la décision thérapeutique.