Utilisation des lambeaux pédiculés pour la réparation cutanée des membres en opérations extérieures
MATHIEU L | JC Murison | A Bouchard | O Barbier
Séance du mercredi 28 juin 2017 (Télé-expertise en chirurgie générale : une aide précieuse pour le chirurgien en situation d’isolement)
N° de DOI : 10.26299/97vr-b517/emem.2017.4.009
Résumé
Hypothèse : la réparation cutanée des membres peut être effectuée en situation précaire de façon fiable par des chirurgiens non plasticiens utilisant uniquement des lambeaux pédiculés.
Patients et méthode : une étude rétrospective descriptive a été menée chez les patients opérés par un seul chirurgien au cours de quatre missions au Tchad, en Afghanistan et au Mali. Ont été inclus les patients ayant bénéficié d’un ou plusieurs lambeaux pédiculés pour la réparation d’une perte de substance cutanée des membres. La difficulté technique des lambeaux a été évaluée selon la classification d’Oberlin.
Résultats : au cours des quatre missions 41 patients d’âge moyen 25,6 ans ont bénéficié d’un ou plusieurs lambeaux pédiculés. Ils représentaient 12,5 % de l’ensemble des patients opérés au Tchad, 16,5 % en Afghanistan et 25 % au Mali. La perte de substance était liée à un traumatisme récent dans 18 cas, à un traumatisme ancien dans 15 cas et à une autre cause dans huit cas. Les patients cumulaient 46 pertes de substance dont 20 (43 %) étaient infectées. Un total de 56 lambeaux a été effectué, dont 15 lambeaux musculaires et 41 lambeaux cutanés ou fascio-cutanés. Les lambeaux de grade 1 étaient prédominants. Ils ont été en majorité réalisés à la jambe et à la main. Dix complications précoces ont été notées dont six infections sous-jacentes et deux nécroses partielles. Le recul moyen à la révision était de 71 jours [extrêmes : 12 jours à un an]. Deux patients ont subi une amputation secondaire en raison d’une infection non contrôlée. L’aspect esthétique des 52 lambeaux évalués à la révision était très satisfaisant dans 44 cas et acceptable ou médiocre dans huit cas.
Discussion : les lambeaux pédiculés sont fréquemment utilisés pour la reconstruction cutanée des membres dans les structures chirurgicales de l’avant française. Il s’agit de procédés de couverture fiables en situation précaire. Les complications tiennent surtout aux difficultés d’assèchement des infections osseuses associées.