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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

La reconstruction du pavillon auriculaire en cas de microtie.

FIRMIN F

Séance du mercredi 14 juin 2006 (SEANCE FRANCO-AUSTRALIENNE)

Résumé

La malformation auriculaire appelée microtie est peu fréquente, survenant selon les statistiques, une fois sur huit mille naissances. Elle peut être associée à une malformation ou une absence de conduit auditif externe. La microtie peut être isolée ou faire partie du syndrome oto-mandibulaire, du syndrome de Franceschetti ou d’un syndrome cranio-facial complexe. Quelles que soient les circonstances et la forme des reliquats auriculaires le principe de la reconstruction est le même : reproduire les reliefs complexes d’une oreille normale. Le meilleur support pour reproduire ces reliefs est le cartilage costal autologue. La reconstruction est réalisée à l’âge de 10 ans. A cet âge l’oreille normale a pratiquement atteint la taille adulte et le développement de la cage thoracique permet le prélèvement d’une quantité suffisante de cartilage. Transformer les segments de cartilage costal prélevés en une maquette reproduisant les reliefs d’une oreille impose un certain entraînement. La technique de sculpture du greffon cartilagineux une fois acquise deviendra une routine et le problème sera d’utiliser au mieux les reliquats cutanés pour recouvrir la maquette cartilagineuse tridimensionnelle. Les reliquats constituant la microtie peuvent avoir des formes multiples. Lorsqu’il s’agit d’un cas jamais opéré, quelle que soit la forme de ces reliquats, on peut espérer obtenir un résultat très satisfaisant lorsque l’abord cutané a été correctement planifié. Après avoir inséré la maquette de cartilage sous la peau de la région auriculaire, lors d’un premier temps opératoire, tous les reliefs de l’oreille sont présents. Il faudra seulement lors d’un deuxième temps opératoire décoller cette oreille reconstruite. La reconstruction du sillon auriculaire est habituellement réalisée six mois plus tard. Lorsque les conditions locales sont favorables nous pouvons prédire qu’il sera possible de reconstruire une oreille proche de la normale et que le patient ne cachera plus. Mais, bien sur, la survenue de complications est possible. L’infection est la plus grave des complications. Lorsqu’elle survient, quel que soit le traitement institué, elle sera responsable d’une inévitable résorption du cartilage. Mise à part l’infection primaire, le scénario concernant les complications est toujours le même : la nécrose cutanée est responsable d’une exposition qui à son tour est responsable d’une infection, elle-même responsable d’une résorption du cartilage. Éviter et traiter ces complications fait partie de la courbe d’apprentissage de cette chirurgie. Lorsque les conditions locales sont défavorables (patients multi opérés, implantation basse des cheveux, reliquats ectopiques) l’utilisation d’un lambeau de fascia temporal pour recouvrir la maquette ou l’utilisation d’une « expansion tissulaire indirecte » peut malgré tout permettre une reconstruction. Il faut cependant, dans les cas très défavorables savoir proposer la solution prothétique à un patient informé de ses avantages et de ses inconvénients. Il n’en reste pas moins vrai qu’une reconstruction auriculaire réussie avec utilisation de cartilage costal autologue reste la meilleure solution.