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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Bypass gastrique laparoscopique pour obésité morbide. Expérience des 100 premiers patients

BOUILLOT JL | BERGER N | SERVAJEAN S | COUPAYE M | POITOU C | VEYRIE N | BASDEVANT A

Séance du mercredi 01 mars 2006 (CHIRURGIE DE L’OBESITE MORBIDE)

Résumé

Le bypass gastrique a montré son efficacité dans le traitement de l’obésité morbide, permettant une perte de poids importante et une correction des comorbidités associées. Il s’agit cependant d’une intervention réputée difficile sous laparoscopie. Nous rapportons notre expérience des 100 premiers patients opérés selon cette technique. Sur une période de 3 ans, 100 patients souffrant d’obésité morbide ont été opérés d’un bypass gastrique sous laparoscopie. Il s’agissait de 24 H et 76 F, d’un âge moyen de 40 ans (18-68). Le poids moyen était de 135 kg (88-223) avec un BMI moyen de 49,3 (32-92). L’excès de poids moyen était de 79 kgs. Une ou plusieurs comorbidités étaient trouvées chez 86 patients : Il s’agissait de problèmes rhumatologiques dans 56 cas, d’un syndrome d’apnée du sommeil dans 54 cas, d’une HTA dans 50 cas, d’un diabète dans 39 cas, d’une dyslipidémie dans 36 cas, divers dans 30 cas. Vingt et un patients avaient déjà été opérés au moins une fois pour chirurgie bariatrique (16 gastroplasties par anneau, 5 gastroplasties verticales calibrées). L’intervention menée avec 7 trocarts a compris la réalisation d’une anse en Y de 100 ou 150 cms, la partition de l’estomac par agrafage linéaire mécanique puis la réalisation d’une anastomose gastrojéjunale mécanique (89 fois) ou manuelle (11 fois). Une cholécystectomie a été réalisée dans le même temps chez 26 patients. Deux patients ont nécessité une conversion en laparotomie pour difficultés techniques (2%). La durée opératoire moyenne a été de 207 mn (120-540) passant de 240 mn pour les 50 premiers à 180 mn pour les 50 derniers. Quinze patients ont présenté des complications post-opératoires (9 chez les 50 premiers patients, 6 ensuite) : occlusions postopératoires (n=4), hémorragie digestive (n=3), hémorragie intra-abdominale (n=2), fistules anastomotiques (n=4), divers (n=2). Neuf patients ont été réopérés (7 parmi les 50 premiers patients, 2 ensuite). Un patient est décédé à J6 d’une péritonite par fuite au niveau de la ligne d’agrafes sur l’estomac distal. A distance, 3 patients ont développé une sténose anastomotique traitée par dilatation endoscopique. Le suivi pondéral montre une perte de poids de 25 Kg à 3 mois, 36 kg à 6 mois, 46 kgs à 1 an, 56 kgs à 2 ans. Le pourcentage de perte de l’excès de poids est respectivement de 32%, 45%, 56%, 66% avec un BMI moyen atteignant 35 à la 2ème année. Le syndrome d’apnée du sommeil, l’HTA et le diabète sont guéris ou améliorés chez plus de 90% des patients. Le bypass gastrique est réalisable sous laparoscopie. La perte de poids qu’il induit permet une amélioration considérable des comorbidités en rapport avec la surcharge pondérale, faisant de cette opération un « gold standard » en chirurgie bariatrique. Il s’agit cependant d’une intervention complexe avec une courbe d’apprentissage difficile et dangereuse.