Quel avenir pour la formation chirurgicale humanitaire ?
Séance du mercredi 15 octobre 2014 (SECTION HUMANITAIRE : Regards croisés sur la chirurgie humanitaire)
Résumé
La formation actuelle des chirurgiens et ses conséquences sur la chirurgie humanitaire.L’évolution de la formation des chirurgiens en France, mais plus globalement dans tous les pays développés pour des raisons à la fois techniques mais aussi juridiques, a conduit à une hyperspécialisation incompatible avec la chirurgie de terrain des humanitaires.Comme le montre une étude sur les 7 dernières années, avec plus de 150 000 interventions chirurgicales réalisées par les équipes MSF-France et au vu de la variété de ces interventions, seules aujourd’hui les « anciennes générations » de chirurgiens ont les connaissances de base pour traiter aussi bien la fracture ouverte, les brûlures sévères ou effectuer une laparotomie d’urgence pour péritonite ou césarienne. En l’absence de création d’une formation généraliste universitaire, les ONG n’auront plus à court/moyen terme en Europe les ressources humaines chirurgicales indispensables.Des formations chirurgicales complémentaires existent à différents niveaux : CICR, MSF, Armée Française, Royal College of Surgeons…. Ces formations sont soit trop théoriques soit minimalistes pour faire face aux carences en traumatologie des chirurgiens viscéraux et réciproquement. La dernière catastrophe à Haïti a été à cet égard particulièrement démonstrative.Le besoin de la création d’une formation de chirurgie générale, au sens large du terme, cautionnée par une institution Académique est une vraie nécessité dont l’Académie de Chirurgie pourrait être l’instigateur. Les accords que nous avons avec des CHU en Afrique, la télémédecine sont des exemples d’outils qui après une formation théorique en France permettraient à travers une forme de tutorat à de jeunes Chefs de Clinique qui le souhaitent d’obtenir ce type de qualification. Commentateur: Pascal Gleyze (Colmar)