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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Chirurgie ganglionnaire dans les cancers du col

NOS C | BENSAID C | LECURU F | BATS S | HUCHON C

Séance du mercredi 17 février 2010 (LA CHIRURGIE GANGLIONNAIRE DANS LES CANCERS GYNECOLOGIQUES)

Résumé

La conception du prélèvement ganglionnaire dans les cancers précoces du col utérin évolue. Initialement une lymphadénectomie « pelvienne », dont l’extension chirurgicale variait selon les centres (ilio-obturatrice pour certains, ilio-obturatrice et iliaque commune pour d’autres) était systématiquement effectuée lors de l’hystérectomie élargie. Elle donnait un facteur pronostique majeur, l’extension ganglionnaire, qui déterminait en partie les indications d’irradiation post-opératoire. L’idée générale voulait que ce geste soit peu morbide ; et acceptait qu’une partie des malades jugées indemnes de métastase ganglionnaire présentent une récidive dans ces mêmes territoires. L’introduction de la cœlioscopie qui permet des prélèvements ganglionnaires par une approche mini-invasive, et donc potentiellement séparée du temps thérapeutique a changé notre vision et notre conception des prélèvements ganglionnaires.Cancers précoces : La technique du ganglion sentinelle est l’alternative aux curages classiques. Cette technique permet d’identifier le ou plutôt les premiers ganglions qui drainent la tumeur, quelque soit leur localisation anatomique, de les prélever de façon fiable et peu invasive, et surtout des les analyser plus finement, amenant au diagnostic de micrométastases et de cellules tumorales isolées (CTI). La technique du GS est simple à mettre en œuvre et mime celle utilisée pour le GS des cancers du sein. Elle nécessite une injection d’isotope puis de Bleu Patenté dans le col utérin. Ces deux gestes sont simples, reproductibles et bien tolérés par les patientes. La proximité immédiate de la tumeur fait qu’on s’intéresse au drainage de celle-ci et pas seulement de l’organe. La détection chirurgicale se fait par cœlioscopie. Les ganglions sont repérés par leur coloration (détection visuelle par le chirurgien), et grâce à une sonde de détection endoscopique qui identifie les ganglions radio-actifs. Les GS bleus, « chauds » ou bleus et chauds sont prélevés. Il devient simple de pouvoir examiner l’ensemble des territoires ganglionnaires qui peuvent potentiellement contenir les GS (aires pelviennes, promontoire, aires para-aortiques), ce qui donne une exploration plus fine et plus complète qu’une lymphadénectomie limitée à toute ou partie du pelvis. L’examen extemporané est possible avec un changement immédiat de stratégie : hystérectomie élargie en l’absence d’atteinte ganglionnaire ; curage lombo-aortique de stadification en cas de métastase. La faisabilité, le taux de détection, le taux de faux négatifs comme le bénéfice « anatomique », ont été validés par plusieurs études multicentriques, dont un PHRC national. Il reste à démontrer le bénéfice de la technique en termes de réduction du lymph-œdème et des lymphocèles. Cancers avancés : Le traitement de référence est aujourd’hui la radio-chimiothérapie concomitante, éventuellement complétée par la chirurgie. L’impact pronostique des métastases ganglionnaires lombo-aortiques a été démontré et contre-indique tout geste morbide chez ces malades tant le pronostic est sombre. L’imagerie a longtemps été proposée pour évaluer l’atteinte ganglionnaire. Il est maintenant admis que sa valeur diagnostique est insuffisante pour être décisionnelle. Le TEP-TDM avait laissé espérer une évaluation non invasive du statut ganglionnaire. Malheureusement la sensibilité et la spécificité de cet examen ont déçu, notamment pour le diagnostic des métastases de petite taille qui représentent plus de 40% des cas, et encore plus pour les micrométastases. Le curage lombo-aortique reste la technique de référence. L’approche cœlioscopique, par voie trans ou rétro-péritonéale s’est développée. Elle permet un prélèvement aussi fiable que la laparotomie, mais avec une morbidité post-opératoire moindre, permettant d’associer une radiothérapie jusque là contre-indiquée. Dans notre expérience, cette approche modifie l’indication thérapeutique chez 22% des malades dans le sens d’une irradiation lombo-aortique ou d’une désescalade thérapeutique chez les malades pN1. Conclusion ; L’approche cœlioscopique permet une connaissance du statut ganglionnaire découplée du geste thérapeutique. Dans les cancers précoces, il devient possible d’obtenir l’information de façon plus précise et moins invasive. Dans les stades avancés, la connaissance pré-thérapeutique modifie la stratégie chez une patiente sur cinq.