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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

La résection du poignet vue par Clémot, chirurgien de la marine sous le premier Empire.The resection of the wrist seen by Clémot, a surgeon of the navy during the First Empire.

LIVERNEAUX P

Séance du mercredi 31 mai 2006 (pas de sujet Principal)

Résumé

C’est en 1673 qu’a été fondé par décret royal l’hôpital maritime deRochefort sur mer, et en 1689 par ordonnance de Louis XIV sonécole de chirurgie navale. Depuis son ouverture et jusqu’à sa fermetureen 1964, l’école de chirurgie navale de Rochefort sur Mer aformé 6572 chirurgiens navigants dits « entretenus ». Parmi le corpsenseignant de cette prestigieuse école, on retiendra le nom de JeanBaptiste Joachim Clémot, professeur d’anatomie peu loquace maischirurgien habile et bouillonnant d’idées, qui fut à l’origine de nombreusestechniques chirurgicales aujourd’hui oubliées. Parmi cellesci,la résection du poignet fut entre ses mains l’un des premierssuccès de cette chirurgie difficile.Nous avons eu accès, à l’ancienne école de médecine navale deRochefort sur Mer devenue musée, au manuscrit original de l’observationrédigée en 1806 par Clémot dans laquelle est décrite larésection du poignet. Nous avons retrouvé dans le même musée lapièce de résection opératoire qui avait été conservée. Le texte del’observation a été étudié et la pièce anatomique radiographiée.L’observation rapporte qu’un certain Jean Prodeau, mousse à borddu vaisseau de sa majesté royale le Lion, âgé de 14 ans, fut apportéà Clémot à l’hôpital de la marine de Rochefort sur mer en 1806avec une fracture ouverte du poignet. L’extrémité inférieure desdeux os de l’avant-bras faisait saillie à la face antérieure du poignet.Clémot, après un échec de réduction orthopédique par des incisionsétendues, refusant de se résoudre à l’amputation de la main, tenta etréussit la résection de l’extrémité distale des 2 os. L’enfant fut allongésur un lit et immobilisé par deux aides. Sans aucune anesthésie,Clémot pratiqua à l’aide d’une scie ordinaire la résection desdeux os, puis réduisit la déformation. Les suites postopératoires ontcomporté une diète de 15 jours, une attelle, des cataplasmes réguliers.L’évolution fut marquée d’un sepsis local repris chirurgicalementau quarantième jour par incisions répétées, puis par l’excisiond’un séquestre osseux ulnaire au quatrième mois. La cicatrisationfut enfin obtenue et après des bains de vapeur émollients et de larééducation, le résultat final fut jugé bon par Clémot. Toutefois,Ollier, dans son traité des résection paru des années après, attribuafaussement cette intervention à St Hilaire, un concurrent de Clémot,en précisant que cette observation alors célèbre dans toute l’Europeétait reconnue à tort comme une résection articulaire.Malgré l’absence d’anesthésie, de radiographie, d’ostéosynthèse etd’asepsie, Clémot fut l’un des premiers chirurgiens à pratiquer larésection articulaire du poignet avec succès, à une époque où DominiqueLarrey était célèbre pour ses amputations sur le champ debataille. Il eut le mérite de décrire avec précision la technique opératoire.