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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Chirurgie trachéale d’aujourd’hui et de demainTracheal replacement using an aortic graft.

CARPENTIER A | JANCOVICI R | AZORIN J | MARTINOD E | SEGUIN A

Séance du mercredi 17 novembre 2004 (CHIRURGIE THORACIQUE)

Résumé

Le remplacement trachéal reste un problème non résolu et l’un desplus grands défis en chirurgie thoracique. En effet, plus de cinquanteannées de recherche n’ont pas permis de trouver un substitutidéal, synthétique ou biologique, à la trachée. Nous avons proposéune solution originale : l’utilisation d’un greffon aortique. Matérielet Méthodes : Cinquante et une brebis ont été opérées dans troisétudes successives : remplacement du segment antérieur de 2 anneauxtrachéaux par un patch artériel autologue (n=10), remplacementsegmentaire de la trachée par une autogreffe aortique (n=21)et par une allogreffe aortique fraîche (n=20). Une endoprothèse aété placée dans les remplacements étendus (n=41). L’évaluationpost-opératoire a été clinique, fibroscopique et anatomopathologiqueaprès sacrifice des animaux avec une durée de suivimaximale allant jusqu’à 3 ans. Dans l’étude portant sur les allogreffes,un tissu aortique de bélier a été utilisé pour le remplacementd’un segment trachéal de brebis (n=6). La technique de PCR(détection du gène SRY du chromosome Y) a permis d’étudierl’origine des modifications tissulaires observées. Résultats : L’évolutionpost-opératoire a été simple dans 46 cas. Il n’y a pas eu desténose en dehors de la première étude, de lâchage anastomotique nide rupture du greffon. L’ablation de l’endoprothèse a été possibleaprès 6 mois. L’étude anatomo-pathologique a montré une transformationprogressive du greffon aortique en un tissu proche de celuide la trachée comportant un épithélium malpighien puis mucociliaireou mixte et une néoformation de cartilage immature puisorganisée en anneaux. La recherche du chromosome Y dans lecartilage néoformé a été négative. Discussion : Ce travail a montréune régénération trachéale à partir d’un greffon aortique. Les possibilitésbien connues de réparation épithéliale à partir de la trachéenative ont été confirmées. La régénération cartilagineuse, phénomènen’ayant jamais été rapporté avec les autres substituts, a étépossible à partir de cellules du receveur issues de la trachée nativeou de la circulation. Ces résultats ouvrent d’importantes perspectivesdans la compréhension des mécanismes de régénération tissulaireet dans le domaine du remplacement trachéal chez l’homme.