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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Place actuelle de la chirurgie traditionnelle en France dans le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostateThe present role of traditional surgery in the treatment of BenignProstatic Hyperplasia (BPH)

COULANGE C

Séance du mercredi 13 octobre 2004 (HYPERTROPHIE BENIGNE DE LA PROSTATE)

Résumé

Le traitement chirurgical est « l’étalon or » du traitement de l’hypertrophiebénigne de la prostate (HPB), de loin le plus efficacemais aussi le plus invasif. Il est indiqué en cas de complications(rétention, calcul de vessie, dilatation du haut appareil, infection ouhématurie répétée) ou de symptômes gênants résistant au traitementmédical. Longtemps opposées, l’intervention sanglante par taillehypogastrique et la résection endoscopique ne sont en fait que deuxvariantes d’une même intervention. Le choix entre résection endoscopiqueet chirurgie ouverte est fonction du poids de la glande.Quelle que soit la technique, les résultats sont identiques (90% descore symptomatique et 80% de débit normaux à 2 ans) mais sontréputés plus durables après chirurgie ouverte (5% de réinterventionà 20 ans pour la chirurgie ouverte contre 40% pour la résection) auprix d’une morbidité acceptable (2% de sténose de l’urètre, 1%d’incontinence urinaire) en dehors de l’éjaculation rétrograde quasiconstante (80% à 2 ans) dont le patient doit être informé. En France,en sachant que les hommes de plus de 60 ans sont 6 millions et quela prévalence de l’HPB symptomatique est de 20%, 1 200 000 hommesprésentent une HPB symptomatique. Seuls 58% d’entre euxreçoivent un traitement médical ou chirurgical. La place de la chirurgiea considérablement diminué depuis le début des années 1990avec l’apparition de nouveaux traitements médicaux : en France,comme dans la plupart des pays européens, la diminution de lachirurgie est de 35% (100 000 /an en 1990 et 66 000 /an en 1997) ;aux Etats-Unis, la diminution est de 50% (300 000 /an en 1990 et150 000 /an en 1995). La proportion de patients traités par chirurgieest de 9%. Le pourcentage de résection endoscopique est de 81%.Ce pourcentage de résection varie selon les pays : 97% aux Etats-Unis et 70% seulement au Japon. Avec le vieillissement de la population,qui devrait entraîner un doublement du nombre des sujets deplus de 60 ans d’ici 5 ans, la place de l’HPB dans les considérationsmédico-économiques de santé publique va augmenter de façonimportante. Avec une prévalence de 20%, le risque pour un hommede 50 ans d’avoir un jour une intervention pour une HPB symptomatiquepourrait atteindre 40%. Le traitement médical, moins cherau début, a un coût équivalent à celui de la chirurgie à partir de la8ème année. Les économistes considèrent que retarder le plus possiblel’intervention, qui coûte le plus cher, aboutit à minimiser lescoûts. On voit ainsi les limites du rapprochement entre raisonnementéconomique et médical : ni la survenue de complications, nil’inconfort prolongé par le retard de l’intervention ne sont pris encompte.