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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Eloge du Professeur Claude PLANCHE

GANDJBAKHCH I

Séance du mercredi 28 novembre 2018 (Séance interventionnelle : Ultras sons thérapeutiques)

Résumé

Monsieur le président, Chères consœurs et chers confrères,Mesdames Claude planché est né le 14 avril 1938 à LA GRAND COMB.C’était le cadet d'une fratrie de deux garçons.Son père, Parisien d’origine, dirigeait l’exploitation minière de charbon de la grande combe, dans les Cévennes puis a poursuivi sa carrière à Avignon. Sa mère d’origine cévenole s’occupait de ses deux enfants. Il a effectué toute sa scolarité à Avignon, du CP à la terminale, au collège des jésuites d’Avignon ou il a obtenu son baccalauréat, tout en devenant par ailleurs champion de France junior de lancer de poids.Cette enfance et cette adolescence heureuses lui ont donné l'amour de la Provence.Plus tard, l’acquisition d’un mas lui a permis de retrouver ses sources et de créer le paradis terrestre dont il rêvait.  Il est monté à Paris en 1957 pour débuter les études de médecine.  Externe des hôpitaux en 1959, il fut nommé en 1963 interne des hôpitaux de paris. Il s'orienta vers la chirurgie, choix qui confirmait une résolution prise à l’âge de 7 ans au décours d’une appendicectomie, affirmant « je serai chirurgien. »C'est pendant son passage à l’hôpital Broussais chez Charles Dubost que j'ai fait la connaissance de Claude Planché. Il m'a laissé, de ces 6 mois de travail en commun, le souvenir d'un homme passionné par la chirurgie cardiaque, respectueux des patients, consensuel avec ses collègues et ses ainés.  Il a choisi de rejoindre Jean-Paul Binet à Marie Lannelongue pour effectuer son clinicat. À l'époque, Marie Lannelongue était un petit établissement coincé entre 3 rues, au 127 rue de Tolbiac, près de la butte aux cailles avant que, grâce aux soutiens qu’avait Jean-Paul Binet, le nouveau Marie Lannelongue soit édifié et inauguré en 1977 au Plessis-Robinson.Mais cet hôpital modeste de la rue de Tolbiac possédait un laboratoire de chirurgie expérimentale où Claude Planché a commencé ses travaux de recherche qu'il a ensuite poursuivi au Plessis-Robinson. En 1976, Claude planché fut nommé agrégé et chirurgien titulaire à Marie Lannelongue.  La voix était toute tracée. Il a effectué la totalité de sa carrière dans cet établissement et a écrit un chapitre passionnant d'innovation dans cet hôpital. L’œuvre de Claude Planché est immense tant expérimentale que clinique :- Protection myocardique- Transplantation cardiaque des tous petits ;- Transplantation cardio pulmonaire,- Etude de croissance des anastomoses artérielles et veineuses chez le petit animal - Canulassions trans mitrale pour shunt ventriculo aortique évitant la C E C dans la chirurgie de la crosse aortique- Angioplastie au ballonnet de sténoses pulmonaires crée chez l’animal en croissance- La chirurgie mini invasive si précieuse en particulier chez les petites filles.Mais si on voulait résumer cet œuvre par un mot ou une phrase on dirait le «  Switch néonatal ». En effet, autrefois, le traitement anatomique de la transposition des gros vaisseaux effectué après quelques semaines ou mois de la vie se soldait par un échec. La raison en est simple mais il a fallu plusieurs années pour la comprendre :Dans cette malformation, le ventricule gauche qui alimente l’artère pulmonaire se trouve au bout de quelques jours de la vie face à des résistances pulmonaires normalisées, c'est-à-dire basses et le ventricule gauche s'adapte à cette condition. Quand la chirurgie anatomique était effectuée, le ventricule gauche n'avait plus la capacité de travailler avec des résistances d’aval élevées et ainsi apparaissait une défaillance gauche mortelle. Pour pallier à cet inconvénient quelques chirurgiens ont préconisé et effectué le cerclage de l'artère pulmonaire pour que le ventricule gauche travaille contre une résistance élevée. Les résultats furent mitigés. Claude Planché a été parmi les premiers chirurgiens qui ont compris que la solution était de corriger cette malformation dans les premiers jours de la vie quand les résistances pulmonaires sont encore élevées. C'était la création de la chirurgie néonatale. Et le début d’une longue série de succès de switch artériel avec reposition coronaire Cette chirurgie a des exigences propres : - Un diagnostic exact - Un acte opératoire parfait - Une réanimation post-opératoire rigoureuse. C'est dans ce cadre qu'intervient Jacqueline Bruniaux donc la carrière ne peut être dissociée de celle de Claude Planché. Après un clinicat à Claude Bernard chez Vic Dupont, Jacqueline Bruniaux est devenue médecin de Marie Lannelongue chargée des soins post-opératoire. C'est ce duo qui a réussi avec succès, dès le milieu des années 80, les premières détranspositions à l'étage artériel chez les nouveau-nés. La chirurgie néonatale est née.  Le traitement des transpositions des gros vaisseaux à l'étage artériel est devenu réglé et routinier entre les mains de cette équipe qui a réuni la série la plus importante de détransposition à l'étage artériel tant par le nombre que par la qualité des résultats. Au départ de Jean-Paul Binet, Claude planché a assuré la responsabilité du service de chirurgie cardiaque de Marie Lannelongue, s'intéressant essentiellement aux malformations congénitales du cœur, tandis que Rémy Nottin s'occupait de la chirurgie cardiaque adulte.Je ne détaillerai pas sa participation à la marche de Marie Lannelongue en tant que président de commission médicale d’établissement, ou en tant qu'administrateur et son appartenance à de très nombreuses sociétés savantes. Il en est de même de ses publications nombreuses que chacun peut consulter dans le PubMed.C’est pour insister sur l'homme Planché: - Il n'était pas que le chirurgien ; chaque nouveau-né opéré devenait son enfant adoptif. Il suivait la progression de ses petits opérés et était particulièrement heureux de leur évolution et leur réussite. - Il a formé de nombreux chirurgiens en France comme à l'étranger où il a effectué régulièrement des démonstrations opératoires - Claude Planché était un honnête homme dans le sens qu'avais-jadis ce terme.  Il était d’un esprit vif et ouvert. Quand on avait la chance de converser avec lui, le dialogue passait de la médecine aux affaires du monde et de la place de l'homme sur la planète. Il était aussi un philosophe qui ne cessait de dévorer les livres et de dialoguer avec ses amis philosophes dans sa cantine de la Rotonde. Claude planché était un séducteur et un charmeur et utilisait ces atouts pour la réussite de sa vie professionnelle et personnelle. Il préférait convaincre que vaincre. - En février 2005, il cessa son activité chirurgicale tout en continuant ses activités intellectuelles et philosophiques.  Installé dans son Mas de Provence et entouré des siens, il a livré le dernier combat contre la maladie. Il nous a quitté le 6 juin 2016. Il a laissé comme héritage la chirurgie cardiaque néonatale et une équipe de chirurgie infantile remarquable à Marie Lannelongue.