Redonnons de la pertinence à notre système de santé
Séance du mercredi 14 novembre 2018 (Quelles préconisations pour les établissements de santé)
Résumé
Partons d'un constat : 30 % des dépenses de santé ne seraient pas pertinentes en France. Mais qu'entend-on par "pertinentes" ? D'après la Haute Autorité de Santé, c'est "la bonne intervention de santé, au bon moment, au bon endroit, pour le bon patient".Que veut dire pour moi, chirurgien hospitalier, pertinence ? - Un faible taux de complications post-opératoires ? - Peu de réadmissions ? - Des durées courtes d'hospitalisation ?Quand allons-nous réaliser l'importance de remplacer "la bonne intervention" par "le bon parcours" ? Quand allons-nous considérer le patient dans sa globalité en prenant en compte aussi bien ses attentes en termes de soins, mais aussi ses problématiques personnelles et professionnelles ?Il ne suffit pas d'associer une multitude d'actes "pertinents" pour que l'ensemble le soit ! Chaque acteur qui intervient tend à raisonner en silo par rapport à un objectif de court terme sans intégrer les spécificités et les attentes du patient dans le choix des modalités de sa prise en charge. Depuis des années, cette évaluation de pertinence a fait appel à deux méthodes : - La mesure des variations des pratiques (qui dépend bien souvent de facteurs non médicaux) et - Le respect des recommandations médicales.Il existe une 3e voie, celle de mettre en regard "des résultats qui importent aux patients" les coûts engendrés à l'atteinte de ces résultats. On passe ainsi d'une logique de soin à une logique de santé, d'un temps court à une perspective de long terme pour permettre au patient d'accomplir son projet de vie.Il s’agira surement d’adapter le modèle de financement valorisant les pratiques vertueuses et responsabilisant les différents acteurs. La rémunération liée à l'acte est un système par nature inflationniste, il faut évoluer vers un financement au parcours ou à l'épisode de soin.Il s'agit de provoquer les conditions pour créer un cercle vertueux d'amélioration de la qualité : mesurer et comparer, c'est à la fois mieux connaître et comprendre, s'approprier ses résultats et apprendre de l'autre. Cette démarche d'audit sans aucune contrainte fonctionne déjà. Près de chez nous, ce modèle est appliqué avec succès en Suède et aux Pays-Bas où en quelques années il a permis de mieux soigner, davantage de patients, et à moindre coût.