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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Information orale et chirurgie programmée non urgente pour pathologie tumorale bénigne de la glande thyroïde. Le point de vue du chirurgien, du médecin, de l'expert, de l'avocat, et du magistrat.

LACCOURREYE O | CAUCHOIS R | TOURAINE P | BOURLE A | GARAY A | COURT P

Séance du mercredi 01 décembre 2004 (pas de sujet Principal)

Résumé

But de l'étude: Analyse par divers intervenants (chirurgien, médecin, avocat, magistrat, experts) des résultats d'une étude prospective sur les conséquences et la mémorisation de l'information orale délivrée aux malades sur les risques encourus lors de la chirurgie programmée non urgente pour pathologie tumorale bénigne de la glande thyroïde. Méthodes: Étude prospective. Cohorte de 123 malades avec une pathologie tumorale bénigne de la glande thyroïde consécutivement informés oralement puis éventuellement opérés par le même chirurgien au décours des années 2003-2004. Analyse postopératoire immédiate des conséquences de cette information orale, du degré de mémorisation postopératoire des risques encourus inhérents à la chirurgie de la glande thyroïde (risque vital, risque commun à tout acte chirurgical, risques spécifiques à la chirurgie de la glande thyroïde) et de la perception par le malade de cette information orale. Analyse et discussion des résultats par divers intervenants (chirurgien, médecin, avocat, magistrat, experts). Résultats: Le pourcentage de patients refusant l'intervention en raison des risques encourus est estimé à 19.5%. Une complication est survenue dans 7.7% des cas en postopératoire. Aucune de ces complications n'a été permanente. Aucun malade ne mémorisait plus de quatre des six risques encourus, 68.8% des malades opérés mémorisaient un ou deux des risques encourus, 12.2% des malades opérés ne mémorisaient aucun des risques encourus. Les trois catégories de risque que mémorisait le mieux le patient sont l'immobilité laryngée unilatérale pouvant conduire à une dysphonie permanente (85.5%), le décès au décours de l'anesthésie générale (41,1%) et l'immobilité laryngée bilatérale pouvant conduire à la réalisation d'une trachéotomie (21,1%). Moins de 11% des malades mémorisaient une des trois dernières catégories de risque que sont les risques inhérents à tout geste chirurgical, l'hypocalcémie et les difficultés d'allaitement Conclusion : L'information sur les risques chirurgicaux est souhaitée par le patient. L'information orale sur les risques chirurgicaux encourus déstabilise le patient. La mémorisation de cette information orale est extrêmement faible. Pour les divers intervenants l'amélioration passe par l'utilisation systématique d'un support écrit (fiche d'information) et la réalisation d'une information en équipe bien en amont du temps chirurgical.