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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Applications de la chirurgie régénératrice en orthopédie : Défis de l’ingénierie tissulaire osseuse en 2017

PETITE H

Séance du mercredi 10 mai 2017 (CHIRURGIE RÉGÉNÉRATRICE : SÉANCE COMMUNE AVEC LA FONDATION DE L’AVENIR)

N° de DOI : 10.2699/fben-tz90/emem.2017.3.009

Résumé

Au niveau mondial, plus de 1 million de greffes osseuses (greffe osseuse autologue ou utilisation d’os de banque) sont réalisées annuellement pour traiter des insuffisances de la réparation osseuse dans des pathologies ostéoarticulaires. Parce qu’elle est histocompatible et non immunogène, la greffe osseuse autologue prélevée sur des sites donneurs tels que la crête iliaque, est l’option la plus souvent utilisée. En effet, l’autogreffe osseuse est par essence osteoconductrice (elle procure un support sur lequel les cellules peuvent adhérer, proliférer et se différencier), ostéoinductrice (elle induit la prolifération de cellules indifférenciées et leur différentiation en ostéoblastes) et ostéogène (elle est un réservoir de cellules souches ostéocompétentes). Cependant, son utilisation est une source supplémentaire de morbidité augmentant les temps et les coûts opératoires. Pour pallier ces difficultés, des recherches expérimentales visant à développer des méthodes alternatives dont l’efficacité thérapeutique est au moins équivalente à celle de l’autogreffe, sont actuellement développées. La possibilité d’obtenir à partir d’une biopsie de moelle osseuse un grand nombre de cellules souches mésenchymateuses (CSMs) et celle de les différencier en cellules capables de former du tissu osseux a conduit naturellement à évaluer l’intérêt de ces cellules comme substituts de l’autogreffe osseuse. Le principe est de transplanter, au niveau de la lésion, des CSMs préalablement mises en place dans un matériau support poreux ; l’ensemble étant appelé biohybride osseux. L’intérêt de cette stratégie thérapeutique, dans le comblement de perte de substance osseuse dont le volume est de pertinence clinique, a été démontré par notre groupe chez la brebis en utilisant des CSMs dérivées de la moelle osseuse. Malgré ces études expérimentales encourageantes et la publication de quelques cas cliniques suggérant un intérêt des CSMs dans la réparation osseuse, il n’existe pas d’étude clinique randomisée prospective démontrant un intérêt réel de l’utilisation des CSMs. L’objectif de ma présentation sera d’effectuer une brève revue de la littérature du domaine et de préciser les défis à surmonter afin de transférer dans les conditions optimales à la clinique cette nouvelle stratégie thérapeutique.