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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Chirurgie laparoscopique et cancer du pancréas

PITTAU G

Séance du mercredi 29 mars 2017 (INNOVATIONS EN CHIRURGIE PANCRÉATIQUE: LES PROGRÈS, C’EST MAINTENANT !)

Résumé

Depuis le premier article de pancréatectomie laparoscopique publiée en 1994 par Gagner (1) il aura fallu attendre 10 ans pour avoir les premières séries de pancréatectomies par cœlioscopie. Ce retard est dû aux difficultés techniques inhérentes à l’intervention, qui nécessite une longue courbe d’apprentissage. La laparoscopie semble être équivalente à la chirurgie ouverte en terme de morbi-mortalité. Lorsqu’il s’agit d’une lésion cancéreuse il existe des critères oncologiques de qualité à respecter(résection R0 et un curage ganglionnaire des relais N1) Par ailleurs les résultats des marges de résection sur la pièce de duodénopancréatectomie céphalique doivent tenir compte de la méthode d’analyse de repérage et d’encrage des marges pancréatiques (marge artérielle, marge veineuse et marge postérieure). En ce qui concerne le pancréas gauche la faisabilité technique (absence d’anastomose) a permis le développement de la pancréatectomie distale laparoscopique avec un nombre toujours plus important de séries publiées. (2)(3)La littérature est plutôt concordante pour les données concernant la morbidité et la mortalité avec des résultats comparables entre cœlioscopie et laparotomie. (4) Par contre, actuellement il n’y a pas suffisamment de données sur la radicalité et l’efficacité oncologique pour permettre de conclure sur le pronostic à long terme. En ce qui concerne la duodénopancréatectomie céphalique laparoscopique, c’est encore une intervention présentant de nombreuses difficultés techniques (dissection vasculaire, reconstructions). Le taux de complications post-opératoires semble équivalent à la chirurgie ouverte dans les centres à haut volume. (5)(6) Les deux études les plus importantes, toutes deux rétrospectives, rapportent des taux de morbidité globale autours de 30 % et de fistule pancréatique entre 11.8 et 35 %.(7)(8) En ce qui concerne les données oncologiques, elles semblent être comparables, en terme de résection R0, de nombre de ganglions analysés et de survie. Cependant les suivis moyens dans les études sont souvent très court, et de plus aucun renseignement n’est disponible sur les modalités d’analyse des marges ou d’encrage des pièces opératoires. (7)(8)La laparoscopie pour adénocarcinome pancréatique est faisable et semble être équivalente en termes de morbi-mortalité mais il faudra d’autres études pour évaluer les résultats oncologiques à long terme.