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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Place des instruments connectés en post opératoire. Concept et Applications pratiques

MARTY J | LE GUILCHER A

Séance du mercredi 09 novembre 2016 (La surveillance post-opératoire est-elle modifiée par la sortie précoce de l'opéré ?)

Résumé

La mortalité post opératoire est située entre 1,5 et 7% d’après les études publiées ces dernières années (Lancet, 2012 ; NEJM, 2008-2009-2010). Les causes de décès sont essentiellement la conséquence de la décompensation de pathologies associées de plus en plus fréquentes chez les patients opérés. Certaines propositions faites pour réduire la mortalité sont difficiles à mettre en application pratique : décision rationalisée, meilleure utilisation des admissions en réanimation ou en USC. De fait, le nombre de lits de réanimation ou d’USC n’augmentera pas. L’amélioration de la prise en charge des complications semble plus porteuse d’amélioration (NEJM 2009). La densité en infirmières dans les unités d’hospitalisation en chirurgie peut constituer une difficulté pour identifier précocement un problème justifiant une action thérapeutique rapide (NEJM 2011). Le virage ambulatoire va amplifier le phénomène car les patients qui resteront à l’hôpital seront les plus graves. Des patients avec des problèmes médicaux significatifs seront opérés en ambulatoire. L’appel téléphonique à la 48ème heure et les questionnaires électroniques sont de réels progrès pour la chirurgie ambulatoire actuelle en permettant une optimisation de l’analgésie mais ils ne sont pas adaptés aux complications liées à la décompensation des pathologies associées. Une rupture conceptuelle dans la stratégie de suivi des opérés est nécessaire en utilisant les progrès technologiques pour alerter avec une grande sensibilité l’infirmière qui pourra alors demander à l’anesthésiste de garde d’agir sans tarder, ce qui réduit de fait la mortalité lors de la survenue d’une décompensation (NEJM 2009). Il ne s’agit plus d’utiliser le monitorage « traditionnel lourd » des unités de réanimation ou des USC (les paramètres surveillés ont peu évolué depuis 30 ans) mais d’identifier les signaux précoces (en fonction des pathologies associées et des traitements) d’une complication pour la traiter dès le début. Le concept pourra alors être étendu à l’ambulatoire mais la question des effecteurs devra être résolue.Les évolutions récentes et combinées de plusieurs technologies permettent d’entrevoir une nouvelle façon de surveiller les patients. Les objets connectés permettent de suivre en temps réel certains signes vitaux. Le nombre de données croissant caractérisant un patient permet d’affiner son profilage, et ainsi de personnaliser ses seuils d’alertes. Nourrie par l’observation de ces données, l’intelligence artificielle nous aidera à établir de nouvelles bases de connaissance et ainsi à améliorer nos performances. L’objectif d’une surveillance plus précise et plus réactive compatible avec nos contraintes organisationnelles et économiques sera bientôt atteignable…