L'endométriose pelvienne profonde: prise en charge diagnostique et thérapeutique.
CHAPRON C
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CHOPIN N
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FOULOT H
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VIEIRA M
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BARAKAT H
Séance du mercredi 05 novembre 2003 (ENDOMETRIOSE)
Résumé
Les lésions d'endométriose peuvent pénétrer en profondeur dans l'espace rétropéritonéal et/ou dans la paroi des organes pelviens constituant ce que l'on appelle l'endométriose pelvienne profonde (EPP). L'EPP se manifeste par une symptomatologie douloureuse à recrudescence menstruelle. Les résultats de l'examen clinique sont variables en fonction du siège des lésions. L'échoendoscopie rectale est fiable pour diagnostiquer une infiltration digestive. La résonance magnétique nucléaire permet d'effectuer en un temps un bilan complet du pelvis. Le traitement de première intention est chirurgical. Nous avons étudié une série continue de 241 patientes présentant une EPP histologiquement prouvée. Après traitement chirurgical considéré comme complet ces 241 patientes présentaient 344 lésions d'EPP histologiquement prouvées : LUS (69.2%; 238 lésions); tiers supérieur de la paroi vaginale postérieure (14.5%; 50 lésions); vessie (6.4%; 22 lésions); digestives (9.9%; 34 lésions). Le taux de lésions isolées est significativement différent selon la localisation: 83.2% (198 lésions) en cas de EPP des LUS; 56.0% (28 lésions) en cas de EPP vaginale; 59.0% (13 lésions) EPP vésicale; 29.4% (10 lésions) en cas de EPP digestive (p<0.0001). Le nombre total de lésions d'EPP varie de façon significative avec la localisation (p < 0.0001). Les lésions d'endométriose vésicale sont toutes uniques. Dans 39.1% des cas (9/23) les lésions d'EPP digestive sont multifocales. Seules 20.6% (7 cas) des lésions d'EPP digestive sont isolées et unifocales. La multifocalité est à prendre en considération pour le bilan et le traitement chirurgical des patientes présentant une EPP. Ces résultats permettent de proposer "une classification chirurgicale" de l'EPP. Les résultats fonctionnels du traitement chirurgical évalués à partir d'une série de 152 patientes avec un recul moyen de 3,3 +/- 2,1 ans sont satisfaisants tant sur le plan de l'évaluation subjective (85% des patientes jugeant en postopératoire le résultat sur les douleurs comme excellent ou satisfaisant) que sur celui de l'évaluation objective (diminution statistiquement très significative en postopératoire des scores de douleurs pelviennes évalués sur des échelles visuelles analogiques).