Comment intéresser les chirurgiens à larecherche translationnelle ?
Séance du mercredi 12 février 2014 (CHIRURGIE DU CANCER PANCRÉATIQUE : LUEURS D'ESPOIR)
Résumé
La recherche qui consiste à évaluer des technologies émergentes ou innovantes issues du laboratoire à destinée du patient implique tous les praticiens et par conséquence les chirurgiens. Les nouvelles technologies au stade préclinique n’ont qu’un intérêt potentiel pour le patient. Ce sont des essais cliniques de qualité qui vont pouvoir prouver l’efficacité de cette nouvelle thérapeutique.Structurellement et culturellement les équipes chirurgicales sont peu préparées aux contraintes des essais thérapeutiques. Bien souvent elles préfèrent utiliser la nouvelle technologie en dehors de tout protocole d’étude et sans passer sous les arcanes des autorisations administratives pour réaliser un essai clinique. Cette pratique contribue à diffuser des thérapeutiques sans connaître leur réel intérêt pour le patient, parfois elles font l’objet de médiatisation sans avoir la moindre certitude de leur supériorité par rapport à la thérapeutique de référence. Ces pratiques rendent ensuite difficiles la mise en place d’un essai clinique.Avant de proposer de grands essais multicentriques, la réalisation d’une ou des études de faisabilité sont indispensables. Elles portent sur des effectifs plus limités et elles peuvent débuter immédiatement après la phase préclinique. Elles ont le mérite de déterminer si le traitement est prometteur et elles fourniront des éléments indispensables pour les futurs essais thérapeutiques.Les chirurgiens sont des acteurs à part entière de cette recherche clinique. Les structures de recherche devraient davantage aider et soutenir les équipes chirurgicales à la participation des essais thérapeutiques. Les chirurgiens participeront d’autant plus facilement que les contraintes réglementaires et administratives seront simplifiées. La proposition des programmes de formation à la recherche clinique pourrait avoir un effet bénéfique sur l’intérêt que porteront les chirurgiens au développement clinique d’une nouvelle thérapeutique. Un développement clinique bien conduit valorise toute nouvelle thérapeutique. Un essai clinique est une contrainte au départ mais demeure un investissement pour le long terme dans l’intérêt des patients. Enfin, point essentiel, la recherche translationnelle implique la participation active des chirurgiens à la collecte des tumeurs et (si possible) des liquides biologiques couplée à l’enregistrement des données biomédicales qui devraient faire partie en routine des bonnes pratiques en chirurgie. Les chirurgiens ont toute la place pour motiver les équipes impliquées dans ce recueil et pour éclairer les patients avant la signature du consentement éclairé.Discussant : Jean-Michel Dubernard (Lyon)