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Les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie

Démographie des Urologues, état des lieux et perspectives

LEBRET T

Séance du mercredi 04 décembre 2013 (SEANCE COMMUNE AVEC LES SOCIETES SAVANTES CHIRURGICALES)

Résumé

En 2013, le nombre d'urologues exerçant sur le territoire français est estimé à 1250. Parmi eux, 20 % ont plus de 50 ans et actuellement entre 25 et 30 urologues sont formés par an par les universités françaises, auxquels, il faut ajouter, si l'on se réfère aux données du conseil national de l'ordre des médecins, aux alentours de 20 % de praticiens exerçant dans le public avec un diplôme étranger. Pour connaître le besoin en urologues, deux paramètres sont à identifier : le flux de patients et les domaines de compétence des urologues. Les chiffres démographiques de la population française montrent que le vieillissement de la population va s'étendre pendant au moins encore 10 ans et donc, l'offre de soins en urologie devrait être croissante (pathologie prostatique et vésicale directement liée à l'âge). Les comportements sociétaux, les mouvements migratoires, la gentrification sont autant de paramètres qui peuvent également jouer sur la demande d'offre de soins dans le futur. Face à ces besoins, le deuxième paramètre, le domaine de compétence des urologues est défini par les organes dont il s'occupe : organes de l'appareil urinaire et de l'appareil génital masculin.En 2011 une enquête réalisée par l'association française d'urologie a permis de connaître le maillage et la répartition territoriale de l'urologie. En moyenne, il existe 2,1 urologues pour 100 000 habitants. La répartition géographique semble être correcte avec 50 % de la population française à moins de 5 km d'un urologue et seulement 2,7 % de cette population qui est localisée à plus de 40 km d'un praticien urologue (Alpes, Lozère, Aveyron). Néanmoins, si l’on applique la méthode dite « Mirabel » de l’INSEE qui se base sur la notion de « flux majoritaires relatifs », la répartition n'est pas optimum avec 16,5 % des territoires de bassin de population qui sont en dessous de 50 000 habitants alors que 23 % drainent entre 200 000 et 300 000 habitants. Cela est probablement dû aux modifications de l'exercice professionnel avec une sur spécialisation qui devient de plus en plus effective, que ce soit en activité publique ou privée. L'urologie est une spécialité médico-chirurgicale ou les compétences se déclinent le plus souvent de manière horizontale, les urologues se sur spécialisent par pathologies en conservant les armes thérapeutiques classiques comme la chirurgie et les médicaments mais en incluant également les traitements physiques (ondes de choc, radiofréquence, cryothérapie, ondes focalisées…) et les nouvelles méthodes mini invasives de chirurgie (endoscopie, cœlioscopie, robotique…). Au total, selon les sources de l'outil d'analyse en 2008, 370 000 séjours avaient été réalisés pour des actes d'activité chirurgicale pure alors que 340 000 séjours étaient occasionnés pour des actes d'activité médicale ou endoscopique.Enfin, pour essayer de prévoir les besoins futurs dans les soins urologiques il faut intégrer le partage des taches avec les spécialités frontières comme l'oncologie médicale ou la gynécologie mais aussi en incluant la radiologie interventionnelle, la chirurgie infantile, la néphrologie ou la sexologie. Aujourd'hui, il apparaît clairement qu'au vu des premières estimations de la demande de soins sur l'appareil urinaire et génital masculin il existera dès 2020 un déficit en urologues estimé à 300. Ce déficit pourrait être comblé en partie par l'augmentation de la collaboration interprofessionnelle (CIP), c'est-à-dire la délégation de tâches sur des professions paramédicales. Il est également nécessaire de repenser l'activité professionnelle pour gagner en efficience, beaucoup de collègues développent le concept des « maisons d'urologie » associant au minimum trois à quatre praticiens urologues possédant chacun des sur-compétences dans des domaines spécifiques comme l'andrologie, la cancérologie, l'incontinence urinaire et la statique pelvienne ou bien l'endoscopie du haut appareil et la lithiase. Enfin, clairement, il faut insister sur la nécessité, compte tenu de la démographie urologique, d'augmenter le nombre d'urologues en formation pour arriver à 40 par an.