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The e-mémoires of the Académie Nationale de Chirurgie

Le risque antalgique : crise des opioïdes

Alain SERRIE

Seance of wednesday 30 october 2019 (Communications libres)

DOI number : 10.26299/kfw1-sg08/emem.2019.31.03

Abstract

Les Opioïdes faibles et forts appartiennent à une catégorie de médicaments qui fait actuellement l’objet d’une actualité particulièrement riche : la crise des opioïdes nord-américaine met en évidence la nécessité de prévenir une dérive de ce type en France.
La mauvaise utilisation des antalgiques opioïdes est l’une des causes principales de la crise des opioïdes nord-américaine et de la surmortalité par « overdose » qui en découle. Dépister ce mésusage et prévenir ses complications évitables est indispensable pour assurer l’efficacité durable de ces médicaments.
Dans son rapport de février 2019, l’ANSM a établi un bilan de la consommation, de la prescription et de l’usage d’opioïdes en France. Les opioïdes dits faibles sont fortement prescrits dans notre pays 18 fois plus que les opioïdes fort. Si les opioïdes faibles ont leur place dans la prise en charge de la douleur, les recommandations et les études comparatives indique, en cas de douleur modérée, que l’utilisation de la morphine à faible posologie est préférable à celle du tramadol ou de la codéine. Les opioïdes faibles ne sont pas mieux tolérés que la morphine à faible dose malgré leur réputation d’être plus sûr. Il n’est pas démontré que le risque addictif soit moins important.
L’Observatoire Français des médicaments Antalgiques (OFMA) créé en 2017, permet d’avoir une vision scientifique sur la consommation de ces principes actifs, ainsi que de leurs conséquences sur les populations. Les dispositifs de veille et de surveillance ont recensé quelques centaines de décès en rapport avec la prise d’antalgiques.

Au total on peut dire qu’il n’y a pas de crise des opioïdes en France. La situation n’est pas comparable avec celle des Etats Unis. La surmédicalisation médiatique entraîne et induit une peur probablement disproportionnée, et il serait regrettable que la prise en charge de la douleur recule dans notre pays.