La douleur réparatrice
Seance of wednesday 23 march 2011 (SECTION INTERVENTIONNELLE)
Abstract
L’autosacrifice des méso-américains, avant la conquête espagnole du XVIème siècle, consistait en une saignée, plus ou moins douloureuse, effectuée sur soi. On attaquait de préférence les oreilles, la langue et la verge avec des poinçons en os, des lancettes ou des couteaux d’obsidienne, des aiguillons barbelés de raie ou des épines d’agave. La douleur était obtenue le plus souvent en faisant passer à travers les chairs – en nombre variable - des brindilles, baguettes, ou cordelettes parfois pourvues d’épines. Le sang et les instruments utilisés étaient ensuite offerts, souvent sans destinataire désigné. Se priver était alors plus important que donner. La saignée, la souffrance, et les privations connexes (jeûne, abstinence, veille) payaient la dette de l’homme, éternel débiteur ; elles étaient aussi propitiatoires. La douleur et l’effusion de sang sont des privations dans la mesure où on les considère comme des atteintes à l’intégrité individuelle.