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The e-mémoires of the Académie Nationale de Chirurgie

Etude comparative de greffons de tuniques albuginées obtenues par différentes techniques d’ingénérie tissulaire

DROUPY S | FERRETI L | GUILIANI M | FERLICOT S | DURRBACH A | BENOIT G

Seance of wednesday 02 december 2009 (MASTER 2 DE SCIENCES CHIRURGICALES)

Abstract

Introduction: La maladie de Lapeyronie est une pathologie acquise de l’albuginée de corps caverneux, caractérisée par l’apparition d’une plaque de fibrose, d’une incurvation de la verge en érection et de douleurs, pouvant être accompagnée d’une dysfonction érectile. Sa prévalence est de 3,2 à 7%. Le traitement chirurgical de la plaque stabilisée en cas d’interposition d’un greffon après relaxation de l’albuginée reste décevant, et il existe à moyen et long terme un fort taux de récidive. L’objectif de cette étude a donc été de produire un greffon autologue possédant une résistance mécanique et des propriétés immunologiques semblables à la tunique originale, et de comparer sa greffe à celle d’un matériau acellulaire résorbable, et à celle du tissu originel. Matériel et Méthode : Afin de tester la faisabilité et l’efficacité d’un tel type de biomatériau, nous avons réalisé une étude comparative entre 4 groupes de dix rats. Dans le premier groupe était réalisée une résection de l’albuginée native et une suture orthotopique de celle-ci, le deuxième groupe se voyait greffé à la place de l’albuginée native réséquée une matrice d’acide polyglycolique (PGA) seule, le troisième bénéficiait de la greffe d’une matrice de PGA ensemencée de fibroblastes autologues isolés à partir du derme de chaque rat, et cultivé pendant 2 semaines in vitro sur la matrice. Le quatrième et dernier groupe recevait quant à lui une matrice de PGA ensemencée de fibroblastes issus du derme et de cellules endothéliales et musculaires lisses issues d’un isolement séquentiel à partir d’une aorte de rat consanguin. L’évaluation des résultats était établie sur un critère principal morphologique par la mesure de la rétraction du greffon à 4 mois à l’aide d’une analyse de variance, et sur des critères fonctionnels secondaires par la réalisation de tests de stimulation du nerf caverneux et comparaison des valeurs moyennes de chaque groupe de la pression intra caverneuse rapportée à la pression systémique moyenne, permettant ainsi de comparer la fonction érectile en fonction du type de greffe. L’étude était clôturée par une analyse anatomopathologique Résultats : L’évaluation morphologique à 4 mois a permis de mettre en évidence une différence significative en terme de diminution de la rétraction en faveur du PGA cellularisé en comparaison au PGA seul par rapport au groupe témoin (p=0.036). La greffe du groupe 4 n’a pu être réalisée en raison du faible nombre de cellules endothéliales récoltées par les techniques utilisées. Sur le plan fonctionnel, il n’a pas été possible d’obtenir une analyse fiable en raison de biais statistiques importants dus notamment à une disparité d’âge des rats des différents groupes. L’analyse anatomopathologique au trichrome de Masson a permis de détecter et d’analyser l’apparition d’une néoalbuginée par la présence de travées de collagène semblables à la tunique externe de l’albuginée originale. Conclusion : La création de tissu albuginée de corps caverneux par culture cellulaire et ensemencement sur une matrice résorbable en vue d’une greffe est réalisable, et a montré sa supériorité en termes de diminution de la rétraction par rapport à une matrice acellulaire in vivo. D’autres techniques sont en cours d’étude, grâce à l’utilisation de cellules souches mésenchymateuses et des cellules souches dérivées des adipocytes, capables en théorie de se différencier en tous les types cellulaires composant le corps caverneux, élargissant le champ d’application de l’ingénierie tissulaire en urologie.