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The e-mémoires of the Académie Nationale de Chirurgie

Prédispositions génétiques aux cancers du sein et de l'ovaire : diagnostic et prise en charge

STOPPA LYONNET D

Seance of wednesday 27 november 2002 (pas de sujet Principal)

Abstract

L'étude des formes familiales de cancers du sein et de l'ovaire a fait des progrès considérables au cours de ces dix dernières années avec l'identification des gènes BRCA1 et BRCA2 (BReast CAncer) dont les altérations constitutionnelles sont associées à un risque cumulé à l'âge de 70 ans de cancer du sein de 60 à 80% et de cancer de l'ovaire de 20 à 40%. La présence d'une altération d'un gène BRCA dans une famille, en général identifiée à partir du cas d'une femme déjà traitée pour un cancer du sein ou de l'ovaire, permet de proposer un test aux membres de la famille. Autant la première étude familiale est difficile, longue et pas toujours informative, autant l'étude des apparentées est simple et rapide, ciblée sur l'altération identifiée. L'absence de détection de la mutation permet alors de rassurer l'apparentée testée quant à son risque tumoral (tout en rappelant le risque de la population générale) et quant au risque de transmission de la prédisposition à ses enfants ; sa présence conduit à proposer une prise en charge mammaire et ovarienne. La prise en charge mammaire est aujourd'hui essentiellement une surveillance mammographique annuelle dès l'âge de 30 ans, voire parfois 25 ans, en milieu spécialisé. Il est probable que l'IRM sera un outil précieux pour un diagnostic précoce, en particulier chez les jeunes femmes. Aujourd'hui, la prévention du risque ovarien passe par l'ovariectomie prophylactique proposée à l'âge de 40 ans ou 50 ans selon le gène impliqué et l'histoire familiale. De nombreux progrès restent à faire dans le domaine des prédispositions aux cancers du sein et de l'ovaire. Ils concernent en particulier (1) l'identification des facteurs modificateurs des risques tumoraux chez les femmes ayant une altération BRCA : c'est à ce prix que pourra être améliorée la prédiction des risques et surtout que de nouvelles portes d'entrée possibles dans la prévention seront identifiées, (2) l'identification de nouveaux facteurs de prédisposition à l'origine non seulement des nombreuses formes familiales non expliquées par BRCA1 ou BRCA2, mais aussi d'une partie des cas de cancers non familiaux. Il est probable que la situation soit plus complexe et que plusieurs gènes avec un effet multiplicatif soient impliqués.