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The e-mémoires of the Académie Nationale de Chirurgie

Le chirurgien face à la complication

GLEYZE P

Seance of wednesday 09 november 2016 (La surveillance post-opératoire est-elle modifiée par la sortie précoce de l'opéré ?)

Abstract

L’exercice chirurgical est un symbole fort d’implication et de responsabilité individuelle car il s’agit d’une décision engageant autrui et dont on se doit d'assumer la réalisation manuelle, la responsabilité et, en général, la réussite. Une réussite suffisamment banalisée pour que la survenue d’une complication constitue une exception pour laquelle le praticien est mal préparé, réagit parfois de manière inappropriée et reste souvent désemparé face un événement qui le touche plus profondément qu’il ne pouvait l’imaginer. Une démarche de bilan personnel de la prise en charge du cas ayant entraîné une complication sera proposée et reviendra en particulier sur la mise en capacité de chaque praticien à analyser sa prestation en terme de relation au patient, de décisions et de mise en oeuvre de la technique.Le premier point faible du praticien est la difficulté de la maîtrise de la relation au patient, en particulier dans une relation complexe. Aussi les fondements neurophysiologiques du soin seront présentés et permettrons de comprendre l’impact profond et le lot d’apparentes irrationalités que la survenue d’une complication peut avoir sur le praticien comme sur le patient.Le respect des règles de l’art et la gestion de l’apprentissage au sortir de l’université sont également générateurs de complications tant les dérives peuvent être négligées ou non perçues par le praticien lui-même. La complication en devient alors la démonstration, aussi une méthodologie d’analyse de son exercice personnel et de la gestion de son apprentissage est avancée afin de permettre une réflexion véritable sur ce qui a pu mener à la complication et sur ce qui aurait pu être fait pour l’éviter.Le troisième point faible du praticien, mais il est majeur, est son impossibilité croissante à maîtriser l’outil de travail que représente un bloc et ses équipes. Difficulté ou impossibilité qui génère, en cas de complication en lien avec une défaillance prévisible de la structure, une souffrance proportionnée à l’injustice que cela peut représenter.Assumer la complication, échanger au mieux du possible avec la famille, extraire et maîtriser le dossier administratif sont des actes essentiels en cas de complication.Accepter son erreur ou accepter l’aléa thérapeutique si il n’y a pas eu d’erreur, ne pas se détruire mais au contraire s’appuyer sur ses proches, sur l’expérience et la solidarité pour en tirer une expérience qui fera du praticien un soignant meilleur et donc un homme meilleur sera la clé de l’attitude du chirurgien face à la complication. Complication dont l’expérience prouve qu’elle finit souvent par révéler le pire comme le meilleur de chacun d’entre nous.