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The e-mémoires of the Académie Nationale de Chirurgie

Reconstruction latérale ligamentaire arthroscopique de la cheville : étude anatomique préliminaire

HARDY P | BAUER T | THES A | FERRAND M | COURNAPEAU J | KLOUCHE S

Seance of wednesday 21 october 2015 (CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE : SÉANCE COMMUNE AVEC LA SFA (SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ARTHROSCOPIE))

Abstract

La place de l’arthroscopie dans le traitement des instabilités chroniques de la cheville devient de plus en plus importante car elle permet à la fois le bilan complet et le traitement de lésions associées mais également d’envisager la réparation ligamentaire. Certains auteurs ont récemment décrit des techniques de rétention capsulo-ligamentaire du ligament talo-fibulaire antérieur (LTFA) et de ligamentoplastie anatomique du LTFA et du ligament calcanéo-fibulaire (LCF) sous contrôle arthroscopique. Le but de cette étude anatomique était d’évaluer la faisabilité du repérage, de la dissection et de la reconstruction anatomique du LTFA et du LCF sous arthroscopie. Matériel et méthode :Au cours d’une arthroscopie de cheville sur cadavre frais, réalisée par le même chirurgien, ont été repérés le LTFA et le LCF puis après section de ceux-ci leurs zones d’insertions (footprint) fibulaires, taliennes et calcanéennes. Trois tunnels osseux ont ensuite été réalisés au centre de la zone d’insertion des ligaments (1 tunnel fibulaire unique au centre du footprint du LTFA, 1 tunnel talien et 1 tunnel calcanéen) pour évaluer la faisabilité et la précision d’une reconstruction anatomique. Une dissection anatomique a été ensuite réalisée après chaque intervention pour mesurer l’écart entre le footprint identifié sous arthroscopie et le footprint « réel » de chaque ligament, mesurer la position des footprints par rapport à des repères osseux, mesurer l’écart entre le centre de chaque footprint et le point d’entrée de chaque tunnel et évaluer la iatrogénie de l’intervention. Résultats : 14 chevilles ont été incluses. Le LTFA et le LCF ont été repérés dans tous les cas ainsi que leurs footprints. Le centre du footprint fibulaire du LTFA était situé à 16,1 mm (+/- 3,6mm) de la pointe de la malléole, le talien à 18,4 mm (+/- 2,8 mm) de l’apex du processus talien latéral. Le centre du footprint fibulaire du LCF était situé à 4,2 mm (+/- 1,7mm) de la pointe de la malléole et le calcanéen à 18,4 mm (+/- 2,5 mm) du sommet du processus fibulaire du calcanéeum. Le tunnel fibulaire était placé 2,9 mm (+/- 3 mm) trop haut par rapport au centre du footprint fibulaire du LTFA, le tunnel talien était décalé de 4,4 mm (+/- 3,2mm) par rapport au footprint talien et le tunnel calcanéen de 3,3 mm (+/- 2,8mm) par rapport au footprint calcanéen. Les longueurs de tunnels fibulaire, talien et calcanéen étaient respectivement de 28,3 mm (+/- 4,4mm), 28,1 mm (+/- 6,3mm) et 34,4 mm (+/- 10,9 mm). La durée de l’intervention diminuait avec l’expérience en même temps que s’améliorait le positionnement des tunnels. Aucune lésion nerveuse ou tendineuse (au niveau des tendons fibulaires) n’a été relevée dans cette étude.Conclusion : L’arthroscopie de cheville permet à la fois le repérage et la dissection du LTFA et du LCF avec une technique fiable et une courbe d’apprentissage courte. Cette étude anatomique confirme la faisabilité et la précision d’une reconstruction anatomique du LTFA et du LCF sous arthroscopie. D’autres études sont nécessaires afin de mieux décrire les indications, les temps opératoires et les résultats de cette technique arthroscopique. Commentateur : Philippe BEAUFILS (Versailles), ancien président de la SFA, Membre de l’Académie de Chirurgie