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The e-mémoires of the Académie Nationale de Chirurgie

Croissance de la colonne vertébrale : signes pathologiques à dépister et conduite à tenir pendant cette période

DIMEGLIO A

Seance of wednesday 04 june 2014 (LA CHIRURGIE DU RACHIS : ADULTE - ENFANT)

Abstract

La croissance est au cœur des décisions prises en pathologie rachidienne. Elle détient les vérités premières.La croissance du rachis est le produit du travail synchronisé, hiérarchisé, de plus de 130 cartilages de croissance. Ces cartilages ont pour vocation d’ossifier la maquette cartilagineuse. L’ossification commence dès le 3ème mois de la vie intra-utérine ; ce processus dure 17 ans ; à la naissance, seulement 30% du rachis est ossifié.Tous les cartilages de croissance ont la même structure histologique mais ont une vitesse différente, selon qu’ils se trouvent dans la région cervicale, dorsale, lombaire ou sacrée.L’atteinte d’un ou plusieurs cartilages, par exemple dans une scoliose congénitale, peut remettre en cause cet équilibre harmonieux et être responsable de déformations graves.- La meilleure façon d’appréhender la croissance, de la saisir dans ses accélérations et ses ralentissements, est de mesurer l’enfant régulièrement tous les 6 mois ; de porter les chiffres recueillis sur des courbes.- La taille assise reflète indirectement la croissance du rachis : de la naissance à 5 ans, le tronc grandit autant que les membres inférieurs ; de 5 ans à la puberté, les membres inférieurs grandissent plus que le tronc ; et à la puberté, les rapports s’inversent, le tronc grandit plus vite que les membres inférieurs.Toutes les stratégies doivent s’adapter à ces rythmes de croissance.- Les 5 premières années de la vie sont critiques : parce que le tronc grandit autant (28 cm) que pendant le reste de la croissance, les scolioses malformatives s’aggravent pendant cette période.- Après l’âge de 5 ans, une phase de quiescence s’installe ; il faut en profiter pour reprendre le contrôle de la situation.- La puberté est un tournant dangereux : les travaux remarquables de Mme Duval-Beaupère ont montré que cette période était caractérisée par une aggravation des courbures scoliotiques.L’anticipation est la clef d’une stratégie performante.Pendant ces 17 années de croissance, l’effet vilebrequin décrit par J. Dubousset est le souci permanent : corriger une scoliose impose de contrôler les 3 plans de l’espace et de neutraliser tous les cartilages de croissance impliqués dans la déformation : vaste programme qui consiste à contenir la déformation sans sacrifier la croissance.Discussant Raphael Seringe (Paris)