Pratique de la Chirurgie universitaire, publique et privée en Italie
Seance of wednesday 21 november 2012 (L’EXPERIENCE DES CHIRURGIENS FRANÇAIS A L’ETRANGER)
Abstract
Nicolò de Manzini, Chiara DobrinjaActuellement en Italie les Médecins ayant la Spécialité en Chirurgie Générale sont au nombre de 968 et les Structures Sanitaires avec des Unités de Chirurgie Générale ont presque atteint le chiffre de 1500. Celles-ci sont classifiées ainsi:-42 CHU (Azienda Ospedaliero-Universitaria et/ou Policlinico Universitario)-160 Hôpitaux principaux (“regionali”)-580 Hôpitaux de proximité (“di rete”)-30 Hôpitaux assimilés aux précédents- 66 Centres de soins et de recherche à but scientifique (comme les Centres Anticancéreux) et 4 institutions de recherche-587 Clinique privéesLa situation actuelle dépend bien entendu du besoin de lits de chirurgie par rapport à la densité de la population ainsi que de la géographie, bien que l’amélioration des transports ait changé cette donne.Le nombre de CHU et d’Hôpitaux est aussi le résultat de la prolifération des Chaires, des Universités et des établissements de Soins, dès les années 50.Cette politique a été très peu clairvoyante car, plutôt que de choisir un successeur on divisait des Services pour placer plusieurs élèves, plutôt que de planifier la formation et la recherche on créait des Universités - même de très petite taille, plutôt que de créer des réseaux de soins chaque Maire voulait pour des raisons électorales son propre hôpital.Ceci a conduit, surtout et paradoxalement dans les grandes Universités, à la prolifération des Services de Chirurgie de plus en plus petits, avec un débit faible d’interventions, et par conséquent à une formation et une recherche chirurgicale de bas niveau.Dès lors les hôpitaux non universitaires avec de grands Services et une activité importante, ont pris les devants en termes de recrutement des patients et petit à petit à force d’activité de formation et de recherche, ont donné naissance de l’Association des Chirurgiens Hospitaliers (ACOI). Cette importante Société Savante a su créer ses propres Centres de Formation Spécialisés, grâce à une expérience clinique grandissante. Seuls les CHU avec des Services pouvant assurer une activité chirurgicale digne de ce nom ont continué à faire de la recherche clinique et de la formation, avec une réputation internationale. D’autres Services ont choisi de se concentrer sur des secteurs bien limités, pouvant obtenir des résultats importants et une reconnaissance internationale.Les établissements privés n’étaient aux débuts pas conventionnés.Le taux de patients ayant une assurance complémentaire étant assez faible en Italie, ces établissements pratiquaient la chirurgie grâce à l’activité privée surtout des Chefs de Service qui exerçaient dans les CHU ou les Hôpitaux.Quelles perspectives pour un jeune chirurgien dans les années ’80 débutant sa carrière ? C’était une époque de pléthore médicale où les grands patrons revoyaient à la baisse leur pouvoir, faute de crédibilité quant à la formation qu’ils dispensaient et en raison du poids de plus en plus lourd de la politique sur les carrières.Pour beaucoup d’entre nous une seule solution: la fuite à l’étranger.Ce fut le seul moyen pour se remettre en cause et essayer de rentrer dans une filière plus formatrice: la France, les Etats Unis, l’Angleterre, l’Allemagne…..Un début de changement s’est amorcé juste avant les années 2000, avec des réformes qui ont concernées progressivement l’assistance publique, l’activité libérale et la régulation de l’entrée en Médecine. Plus récemment la vague de départs à la retraite de ceux qui avaient débuté Médecine en 1968, la tendance à la fusion des Services trop petits (Hospitaliers ou Universitaires), la réforme des Universités et des Concours, sont en train d’améliorer la qualité des structures des Services de Chirurgie et à revaloriser le rôle du Chirurgien. Cela a permis à beaucoup de Chirurgiens Italiens de rentrer au pays avec une expérience internationale et un réseau de connaissances bien développé. De même les établissements privés ont été conventionnés, pouvant prodiguer des soins à un plus large public.Comment envisager le futur ? Certainement par la meilleure formation donnée aujourd’hui dont les règles ont été fixées par la loi et la création de filières d’internat proches de celles de la France, avec des Hôpitaux agréés et la fusion des petits Services. La réglementation quant au nombre de chirurgiens est aussi en train de redonner sa juste valeur à la profession, en dépit de la vague de procédures juridiques qui en Italie est aussi en train de déferler et du théorique manque d’attrait qu’une spécialité longue, fatigante et souvent lourde en responsabilité peut avoir.La preuve en est donnée par le nombre croissant d’étudiants choisissant Chirurgie pour leur internat, témoignant de la vitalité future de notre profession dans mon pays.Intervenant : Christian MEYER